mercredi 26 décembre 2007

La Nef Végétale - L'argile en ombre et en lumière


Création et paysage forment un duo qui fabrique de l'espace jardiné de qualité... surtout lorsqu'il s'agit du travail de Juliette et Jacques DAMVILLE.

La "Nef végétale" va recréer un espace de jardin délaissé du parc du château de Mesnières-en-Bray. C'est à l'invitation de l'association "Les Chemins de Traverse" que les Damville ont proposé une étrange fontaine dans laquelle on peut pénétrer, au centre d'un bassin de forme presque ovale.


Est-ce un navire ? Est-ce un poisson dont on visite les entrailles ? ou bien un arbre qui pousse au milieu de la mer ? L'œuvre, qui tient à la fois de l'organique et du minéral, est fortement ancrée dans le cadre du château de la Renaissance, près des dortoirs de l'Institut Saint Joseph, lycée horticole et sylvicole de qualité et de réputation plus que régionales.

La réalisation de La Nef Végétale permet également un travail pédagogique avec les jeunes avec des ateliers d'écriture, de céramique, et de paysage.


Le projet associe Jacques et Juliette Damville avec "Les Chemins de Traverses", Cérafrance, Bruno Dossier, l'entreprise Huré, l'Institut Saint Joseph, le Pays de Bray, le Conseil Général de la Seine Maritime, la région Haute-Normandie et bénéficie du soutien financier de l'Europe.


Les travaux vont se poursuivre durant l'année 2008 car l'inauguration n'ai prévue qu'en septembre prochain. Nous aurons l'occasion d'en reparler.


Patientez pour voir le projet complet !
Merci à Juliette et Jacques pour les informations.


Contact : ROSO Création, Bernard Tisserand

mardi 25 décembre 2007

Bravo Anne-So.

Le jour de Noël peut aussi être celui où les bonnes nouvelles un peu laissées pour compte peuvent circuler. Même si l'information date d'un moment déjà, elle mérite d'être diffusée aujourd'hui comme un signe.
Au forum international TIC21 organisé par l'ACIDD consacré au technologies de l'information et de la communication et au développement durable, plusieurs prix ont été décernés.
Parmi les primés, il y a le projet Ecoloinfo, barre à ajouter à votre navigateur habituel (Explorer ou Firefox) dont je vous ai déjà parlé il y a quelques mois.
A l'origine du projet Ecoloinfo, il y a Anne-Sophie Novel dont le nom même est signe d'avenir. Bravo à elle; mais il y aencore bien du travail à faire... en 2008 : plus grande diffusion, création d'une société, gestion du système...
Allez en apprendre plus par vous même sur le site de l'ACIDD, sur l'article de Metro, sur le site d'Ecol-info : http://ecoloinfo.com

Bon Noël Anne-So.

lundi 24 décembre 2007

Cadeau de Noël pour le paysage français ?

On pouvait y croire ! à qui ? au Père Noël ?

Non au bonne promesse du Grenelle de l'environnement. Quand je disais que le risque paysager devait être traîté. Le voilà en premier plan avec celui de la consommation de carburant pour les avions et d'e dégagement de gaz à effet de serre qui va avec.

Lire cet extrait du journal Le Monde de ce jour :
"Inquiet de voir le Grenelle de l'environnement menacer le projet d'aéroport Grand-Ouest, prévu sur la commune de Notre-Dame-des-Landes, à 25 km de Nantes, le député-maire (PS) de Nantes interpelle sur-le-champ François Fillon. Le premier ministre, qui a longtemps défendu ce dossier lorsqu'il présidait la région des Pays de la Loire, le rassure aussitôt. "François Fillon m'a déclaré : Il n'est pas question de revenir en arrière. Ce projet, on y tient, on le fera. ", relate M. Ayrault.

Parole visiblement tenue. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports, vient de confirmer la pertinence du projet, au grand dam de Louis Cercleron, maire (sans étiquette) de Notre-Dame-des-Landes. Alors que le Grenelle de l'environnement prône le gel des programmes aéroportuaires, le futur aéroport n'est pas menacé car, officiellement, il consiste en un transfert de l'actuelle plate-forme Nantes-Atlantique sur un autre site et non en la création d'un nouvel équipement à proprement parler.

Le Conseil d'Etat devrait d'ailleurs notifier la déclaration d'utilité publique du projet à la mi-janvier, révèle-t-on du côté de la préfecture des Pays de la Loire. "Il faut prendre au pied de la lettre la déclaration de Jean-Louis Borloo à l'issue du Grenelle de l'environnement, plaide Jean-Marc Ayrault. Le ministre a annoncé qu'il n'y aurait plus de création d'aéroport sauf problème de saturation et de sécurité. Or, à Nantes, on est exactement dans cette configuration." L'actuel aéroport de Nantes-Atlantique pose indiscutablement un problème de nuisances sonores. Le fréquent survol de la ville de Nantes inquiète aussi les autorités. "Cet argument-là n'est pas crédible, proteste François de Rugy, élu Vert, maire adjoint de Nantes chargé des transports et opposé au projet. S'il y a vraiment un problème de sécurité, alors, il ne faut pas badiner : il faut fermer l'aéroport immédiatement. Ou bien c'est de l'inconscience !" Hormis chez les Verts, le projet d'aéroport Grand-Ouest bénéficie d'un large consensus au niveau politique."

Quel gachis ! Devrons nous encore attendre longtemps les moratoires, les discussions, simplement un peu plus de concertation que de voir ces décisions particulièrement consommatrices d'espace paraître durant les congés (trêve de Noël, où es-tu ?).

Espérons que les problèmes financiers de ce projet forcerons les "élus du peuple" à un peu plus de démocratie (participative ???). Tout n'est pas perdu. Il faut encore croire au Père Noël.

Cliché AFP / Alain Jocard



samedi 22 décembre 2007

Vélo à Rouen : le cy'clic à la place des pieds

Notre paysage urbain a été façonné dans de nombreuses zones pour l'automobile. Les places de stationnement manquantes pour une résidence provoque une taxation... pourquoi n'y a t-il pas de taxe pour défaut d'arbres ou de récupération des eaux de pluies ?
A Rouen, l'évènement du jour, c'est la mise en place du système Cy'clic. Les vélos en location pour courtes durées viennent d'être mis en service, ce midi 22 décembre 2007. Sans entrer dans le débat que certains placent sur le domaine politique, contentons-nous de regarder. Cette première expérience locale est présentée comme la première phase d'un système plus développé (on rêve sur toute l'agglo... avec le plan agglo-vélo ?). Heureusement qu'un développement est prévu, car pour le moment, je m'interroge.
Mais, mon sens pratique m'oblige à faire remarquer deux choses :
- que Rouen est entouré de forets pentes, pas très agréables en vélo, et donc qu'il faut un système relais ;
- que le parcours de quelques centaines de mètres à un ou deux kilomètres peut très bien se faire à pied en quelques dizaines de minutes plutôt qu'en vélo ;
Or les stations de Cyclic sont parfois distantes de 100 à 200 mètres, les deux les plus éloignées (en diagonale en quelque sorte) l'étant de deux kilomètres environ (CHU - Préfecture)

Je ne pourrais donc pas en être utilisateur pour le moment car pour descendre des plateaux Est, et pour circuler dans l'hyper centre, j'utilise mes pieds. Je pouvais espérer un parking relais pour ma voiture afin de poursuivre mon trajet quotidien vers Quevilly en vélo ! ... mais ce ne semble pas être la stratégie choisie. Donc je continuerais à utiliser ma voiture pour éviter deux heures de bus quotidienne pour aller bosser. Si, si 2 heures. C'est grand, l'agglo de Rouen.

Allez, messieurs de Cy'clic, regardez un peu notre grande ville !

Les points durs de circulations sont les mêmes depuis des siècles.
Ecoutez les historiens, regardez le travail des géographes, relisez les romanciers qui racontent Rouen...et vous comprendrez pourquoi il faudra installer des parkings au pied des plateaux et des stations Cyclic à côté... et étendre le réseau agglo sur la rive gauche.
Du côté de l'Est, il y a plein d'espace vide (ancienne stations-services, friches, surlargeurs) près de la place Saint-Paul.
A l'Ouest, il doit bien y avoir un peu de place près des vieux Docks (ce sera toujours mieux que des cinémas et supermarché où il faudra aller en voiture !!!).
Au Nord, de très nombreuses surlargeurs des boulevards sont encore disponibles.

Là enfin, vraiment le paysage urbain pourra changer car le vélo sera vraiment une alternative alléchante à la place de la voiture. Je rêve réellement d'un ville de Rouen avec moins de voitures, de camions. Je vous posterais sans doute un message avec quelques idées d'urbanistes parfois fous, parfois géniaux mais toujours originaux à ce propos.

Pour le fun voici le quai de la Bourse où une belle bande cyclable a été tracé (il y a déjà un moment) le long du trottoir.. et sans doute à l'usage des Cy'clicsiste (!).
DANGER, amis cyclistes, DANGER, surtout ne vous y engager pas. Cette voie sert aussi de stationnement au bus et car et vous seriez obliger de faire des écarts en pleine voie pour passer. J'espère que cela va vite être modifier.

Des images de lieu où le vélo est en danger, on peut en faire beaucoup dans la ville de Rouen. Le quai semble être le secteur le plus dangereux à ce jour mais il n'est pas le seul. On pourrait lancer un concours : "recenser les lieux dangereux !"

Tout comme cette drôle de signalisation en marquage au sol à l'autre bout du quai, face au Théâtre des Arts.

mercredi 19 décembre 2007

Corinne Lepage - le 19/12/2007 sur France Culture


Non-assistance à humanité en danger

Transcription de la chronique de Corinne Lepage sur les ondes de France Culture lundi 17 décembre 2007.

"Les peuples de la Terre peuvent aujourd'hui accuser les gouvernants participants à la conférence de Bali , en fait, plus précisément ceux qui ont délibérément torpillé tout accord permettant de prendre date, sur des bases chiffrées , en vue d'un accord à Copenhague en 2009
prenant la suite de l'accord de Kyoto. Ce qui vient de se passer apparaîtra très certainement dans les années qui viennent comme une preuve supplémentaire de l'égoïsme et de la cécité de ceux qui ont décidé de l'avenir du monde en fonction de leurs intérêts propres et immédiats. En effet, les dernières conclusions du GIEC, qui pour la première fois parlent d'irréversibilité, les constatations d'ordre scientifique sur l'évolution du Groenland ou de l'Arctique, l'accumulation des preuves du changement climatique et du risque qu'il fait courir à l'humanité, permettant aujourd'hui de parler en ce qui concerne cette question d'application du principe de prévention et même plus du principe de précaution, les messages de détresse lancés par les populations de Papouasie et d'autres iles qui constituent les premiers réfugiés climatiques et qui ne peuvent déjà plus se nourrir normalement n'auraient pas dû laisser le moindre choix aux responsables réunis à Bali. Or, malgré les efforts du secrétaire général de l'ONU, malgré la position unitaire et ferme de l'Europe, cette réunion a accouché d'une demie souris. La seule avancée réelle concerne l'avancée du projet Reed dont l'objectif est de financer les pays du Sud pour qu'ils conservent leurs forêts ou reboisent. Il faut rappeler que la déforestation représente 27 % du total des émissions de CO2, soit plus que le transport et que la valeur de la forêt n'est pas seulement d'ordre écologique entame de séquestration de carbone mais également le lieu majeur de la biodiversité est un lieu de vie essentielle. La banque mondiale a consacré 208 millions d'euros à des projets pilote de surveillance ce qui est loin des 5 milliards de dollars auquel Nicolas Stern évaluait les moyens nécessaires à mettre
en place. Une seconde avancée , plus modeste,consiste en la mise en place d'un fonds d'adaptation, sous la tutelle du fonds mondial pour l'environnement, destiné à financer des transferts de technologie.
Pour le reste, l'obstruction américaine a plombé tout accord ce qui conduit à s'interroger sur le point de savoir qui gouverne vraiment le monde et quelles solutions on pourrait proposer pour mettre un terme au crime de non-assistance à humanité en danger.

Le blocage de George Bush sur le sujet du climat, contraire à la position de la Cour Suprême, mais qui trouve bien évidemment sa source dans la volonté de certaines sociétés pétrolières est un point central. Rappelons qu'Exxon a financé depuis des années le lobby de "la machine à nier", instrumentalisant des centaines de centres de recherche et d'association plus ou moins bidons dont l'objectif était identique : faire du changement climatique une hypothèse et non un
fait. La proposition d'Al Gore de conclure un accord en laissant de côté les États-Unis avec comme objectif probable de stigmatiser cette attitude inadmissible mais ne permettait pas de faire réellement avancer la position internationale. En effet, les États-Unis ne sont pas seuls, malheureusement. Le Canada et l'Australie soutiennent une position très proche, pour des raisons d'intérêt économique immédiat cependant que les pays pétroliers et leurs alliés traditionnels ont toujours pris la position la plus favorable à l'or noir. Or, si l'on se place au niveau des résultats concrets, un accord a certes été trouvé mais sur la base de la position la plus faible c'est-à-dire celle qui ne contient aucun engagement précis. Lorsqu'on en est en
effet à refuser de faire figurer les conclusions du GIEC autrement qu'en note de bas de page, pour être certain qu'aucun engagement concernant une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre en 2020 pour les pays industrialisés et de 50 % pour le monde entier en 2050 ne soient pris, il est clair que l'on est en présence d'un déni de réalité voire d'un cynisme poussé à l'extrême qui conduit a accepter, de mettre en péril ses propres enfants pour être certain de pouvoir soi-même accroître encore son propre confort.

Ce comportement est la négation même du politique dont la fonction, si elle existe, consiste précisément à organiser la vie de la cité pour lui permettre la pérennité. Cela signifie que la politique, au niveau international n'a strictement plus aucun sens, en ce qui concerne au moins un des périls majeurs qui menacent l'humanité. Cela signifie que les représentants des terriens, élus ou autoproclamés pour certains, font des choix qui s'inscrivent délibérément à l'encontre des intérêts premiers des populations qu'ils sont censés représentés. Cela signifie par conséquent que la représentation actuelle de la société internationale ne peut plus prétendre
représenter les intérêts des femmes et des hommes présents et à venir, mais s'est soumise à d'autres maîtres du monde dont on se pose parfois la question de savoir s'ils ont encore conscience d'être des humains.

Dès lors c'est bien la question de la gouvernance mondiale lorsqu'il s'agit de questions planétaires qui intéressent tous les humains comme la question climatique qui est en cause.
La faiblesse du conseil de sécurité de l'ONU est difficilement supportable lorsqu'il s'agit de guerre et de massacres impliquant des milliers, voire des centaines de milliers de personnes. Mais, elle ne l'est plus du tout lorsqu'il s'agit de la survie de l'humanité dans son ensemble. Cela signifie donc que c'est à la société civile de prendre son destin en main puisque ses responsables politiques ne sont pas capables de le faire pour elle.
Ce sont aux milliers d'associations de défense de l'environnement, de développement, de consommateurs, voire aux
syndicats professionnels et au monde économique et financier dans la partie qui est demanderesse à une véritable révolution pour permettre la réorientation de l'économie, de s'organiser pour imposer le changement qui nous est refusé.
Nous avons l'ardente obligation de refuser l'attitude suicidaire que quelques dirigeants ont décidé d'adopter.

A la non assistance à humanité en danger, nous devons répondre par la mobilisation de toutes les consciences et les volontés humaines."


Corinne Lepage tient là des propos d'un portée essentielle. Sa pensée suit un cheminement intéressant, depuis les constats du GIEC et les tristes conclusions de Bali, jusqu'au problème majeur de la gouvernance mondiale. Cette lecture mérite donc d'être lue sans ajouter de commentaire. Il faut rappeler que Corinne Lepage fait une chronique tous les lundis matin sur France culture à 7 h 25.

Information signalée par Bertrand du reseau des Free(wo)men. Merci à lui.

mardi 18 décembre 2007

Le Paysage pour les débutants - 4

Après avoir abordé les formes générales du paysage avec le volet de la morphologie, de la géologie ... voici un commentaire sur les sources de la connaissance des paysages dans leur dimension environnementale.
L'environnement des paysages actuels est caractérisé par les végétaux mais aussi par la faune qui y vit. Cette symbiose entre faune et flore qui forme l'une des bases de l'écologie s'applique aussi pour les temps passé. En obtenant des informations sur l'une de ces composantes pour un moment reculé du passé, on peut envisager des déductions sur les autres composantes de l'environnement.
Une plante particulière peut être associée à d'autres qui forment avec elle un groupement végétal caractéristique. Une faune peut lui être également associée. mais, ce n'est pas si simple, une plante peut appartenir à plusieurs types d'associations.
Pour les paysages et environnements du passé, c'est la même chose.
Les sciences du paléoenvironnement sont multiple. Elle peuvent donner une image directe du végétal environnant en identifiant des espèces par leurs restes.
Elles peuvent également fournir une image indirecte par des traces laissées par les espèces animales vivant dans un milieu défini.
Elles permettent également de fournir une image climatique locale ou micro-locale (stationnelle) dont la représentativité doit être estimée. Toutes ces démarches peuvent être combinées. Elles reposent sur des indicateurs.
On parle aussi de paléobotanique pour les végétaux et de paléofaune pour les animaux.
Quelques disciplines spécifiques sont :
La palynologie qui étudie la partie la plus solide des plantes, les pollens. Les pollens se dispersent plus ou moins loin suivant les espèces, avec l'aide du vent, des insectes, de l'eau, de l'homme. Le comptage des pollens dans les couches sédimentaires permet de construire une représentation "théorique" d'une courte séquence de temps plus que celle d'un instant T.

La carpologie étudie les macro-restes végétaux, graines et fragments divers de végétal dont l'identification donne des indices sur la présence de certaines espèces. Elle est fréquemment utilisée pour les dépôts liés à une activité humaine (silos, dépôts funéraires) mais aussi dans les tourbes certains paéosols.
L'anthracologie étudie les charbons de bois et permet de définir les espèces et éventuellement la portion du végétal utilisée.
La xylologie étudie les fragments de bois conservés. Particulièrement intéressant en contexte tourbeux boisé, elle est aussi importante lors qu'il y a présence de bois travaillés par l'homme.
La malacologie collecte les informations sur les mollusques. Tout le monde voit des petits coquillages terrestres et des coquillages marins. Il existe aussi des coquillages très précisément adaptés à des milieux spécifiques, on dit aussi "inféodés". Les coquilles microscopiques sont comptés et permettent également de fournir une "image" du milieu.

Le spécialiste de la paléoentomofaune compte également, mais il s'agit des reste de coléoptères et autres insectes. Les élytres (qui protègent les ailes) sont la partie résistante de ces animaux. On les retrouvent dans la plupart des sédiments organiques.
On peut également faire des décomptes de tout reste des enveloppes de animaux que ce soit en calcaire, silice, chitine ou composite. Ces restes sont des "tests". C'est le cas des mollusques, mais aussi les algues dites diatomées. Le test est alors nommé frustule. Les oursins sont aussi de ce type, comme d'autres espèces d'invertébrés.
Enfin, les végétaux peuvent présenter des cellules dans lesquelles se développent des concentrations de silice sous forte d'opale. Les phytolithes sont des indicateurs végétaux particulièrement fiables.

De nouvelles disciplines sont régulièrement inventées pour fournir des indicateurs paléoenvironnementaux. Associés aux géomorphologues holocènes, les environnementalistes proposent des scénarios d'évolutions climatiques locales (ou micro-locales) mais aussi pour des territoires plus larges. La représentativité du point de prélèvement est alors essentielle : tourbière, site archéologique, sédiments alluviaux, colluvionnements ...).

Illustrations : groupe de pollens, lucane cerf-volant, phytolithe.

jeudi 13 décembre 2007

Du côté du Géophen

C'était à la fin de septembre, alors que les dernieres chaleurs de l'été se dissipaient dans un automne que chacun annonçait comme clément. C'était en septembre mais nous plongeait aussi dans un avenir de vallées et de bocage, de paysage serein et de calme montagne...dans un charmant château...

Enfin, faut pas rêver, c'était la rencontre des doctorants à Nantes, le 28/09/2007 organisée par l'UMR 6554 Géolittomer. Et dans un programme d'une journée chargée, il y avait quelques propos paysagers à retenir. Je n'ai lu que les résumés des présentations. Plusieurs d'entre eux ont attirés mon attention, donc celui de Marie-Anne Germaine, doctorante au Géophen.

Nous nous étions croisés lors de colloques et sa démarche, sa recherche de caractérisation des paysages m'a semblé particulièrement innovante. Voilà le résumé de sa présentation. Elle s'intitul : "Du diagnostic à la typologie des paysages de vallées. Exemple à l'échelle de la Basse-Normandie".

"En Normandie, comme dans l'ensemble du Nord-Ouest de la France, les vallées renferment des paysages singuliers qui rompent la monotonie des plateaux. A la fois localement de par leurs conditions naturelles et ordinaires puisque très fréquents, ils sont soumis à des enjeux multiples, et de plus en plus intégrés dans les travaux servant de base à la gestion des paysages contemporains même si cette prise en compte n'est pas encore étendue à l'ensemble des vallées. Appuyés sur une échelle intermédiaire adaptée au "système vallée", ces travaux visent à contribuer à une meilleure prise en compte de ces espaces par la mise en place d'une typologie des paysages de vallées représentatifs du Nord-Ouest de la France.
Une démarche reproductible est proposée pour caractériser l'état actuel des paysages des petites vallées (ordre 2 à 5) à l'échelle régionale. Elle s'appuie sur la combinaison de deux approches. L'approche morphologique s'appuie sur la définition de critères objectifs permettant d'identifier ces espaces et sur la mise en place d'une typologie morphologique à partir d'un découpage en tronçon homogènes caractérisés par des variables morphologiques. Celle-ci révèle l'existence de "vallées ordinaires" aux formes banales. Des descripteurs paysagers sont ensuite extraits de la cartographie des couverture du sol réalisée par traitement d'image pour traduire objectivement et quantitativement les caractéristiques du paysage. Il s'agit de mesurer la diversité interne du paysage de vallée à l'échelle du tronçon (fond de vallée et versants), mais aussi de rendre compte de sa singularité par rapport au milieu dans lequel il s'insère. Il est alors possible de distinguer de grands types de paysages de vallées révélateurs de la diversité des petites vallées bas-normandes."


Ce n'est pas la première tentative de recherche de quantification en matière de paysage mais celle-ci me semble porteuse d'espoir d'aboutissement. En effet, s'appuyant sur le "système vallée", elle ne prend en compte aucun a priori, et seule la méthode de définitions des tronçons peut générer un prisme de lecture particulier. Le travail de Marie-Anne devrait déboucher sur un outil de lecture du paysage, facilitant la gestion mais aussi la comparaison avec d'autres territoires... à suivre.

jeudi 6 décembre 2007

EPR et paysage

Régulièrement, des informations évoquent l'avancée du projet EPR de la fameuse tranche 3 de Flamanville. Le Grenelle de l'Environnement a copieusement mis de côté le problème du nucléaire, et donc complètement miné l'ensemble du débat sur l'énergie. Merci, Monsieur le Président !
Mais l'EPR est toujours présenté par rapport à la peur du nucléaire et de ses déchets, du risque environnemental, social et technologique qu'il représente. C'est oublier les emprises importantes qu'il génère.

Le site de Flamanville en lui-même est déjà très perturbé et ce n'est guère que quelques hectares de plus qui vont être recouverts de béton, en bord de mer dans une enceinte déjà très artificialisée. Mais, tout site de production énergétique a besoin d'être raccordé au réseau de transport de l'énergie. Et la production de Flamanville 3 va exiger de nouvelles lignes électriques.

Comme les autoroutes pour nos voitures, les autoroutes de l'énergie sont d'immenses bandes de terrains où toute l'emprise est dédiée au transport de cette électricité. Regardez le long de la route de Dieppe à Rouen (la RN27), la succession de poteaux, pylônes, et câbles à haute et Très Haute Tension qui relient et interconnectent les centrales de Paluel et Penly avec les stations comme celle de La Vaupalière en bordure de l'autoroute vers Barentin. L'emprise au sol est peu perceptible mais son impact visuel est immense. Seule la peinture de Carzou pourraient nous rendre esthétiques cette succession de barres métalliques, de treillis et de fils qui traversent notre campagne. Flamanville 3 en ajoutera un peu plus dans le ciel bas-normand.

C'est ce qu'on nomme "effets connexes", travaux complémentaires" ou "dégâts collatéraux". Ces lignes THT, dont les effets sur l'homme et sur les espèces animales restent à réellement mesurer, figurent sans doute parmi les plus fortes dégradations paysagère que notre société produise.
Au moment où les communes et EDF font des efforts pour enterrer au maximum les câbles dans les villages (pas encore assez, certes), hors de nos habitats, les lignes THT prennent des emprises encore plus importantes et impossibles à dissimuler.

Illustrations :
en haut - lignes THT dans le val d'Oise,
en bas - vue Google Earth du Petit Caux près de Penly
avec la jonction entre deux lignes THT dans la plaine de Brunville.

dimanche 2 décembre 2007

Le Paysage pour les débutants - 3

Quelques mots, aujourd'hui, sur la connaissance des paysages du passé. Quelles sont les sources de cette connaissance ?
Ces sources varient en fonction des régions et surtout de l'ancienneté des paysages. Autant de l'ancienneté pour laquelle vous souhaitez "reconstituer, reconstruire, évoquer, imaginer" le paysage (l'état du paysage local à la fin de la dernière époque glaciaire ou au XVIIIe siècle), que de l'ancienneté des héritages (reste-t-il des traces des paysages gaulois dans mon paysage actuel ?).

Nous laisserons donc de côté le débat sur la nature du "paysage" : culturel, naturel, pictural, vécu, ressenti, éprouvé, vu, ... pour nous concentrer sur les composantes d'un espace que certains nommerons "pays" et d'autres "paysage".
Ces données recouvrent essentiellement 4 domaines : - la géologie et l'orographie (les modelés du terrain, hydrographie ...) - la végétation (botanique, écologie ...) - la géographie (parcellaire, organisation des habitats ...) - l'histoire (pratiques, natures des occupations ...)

Chacun de ces domaines s'interpénètre. Les sources sont parfois partagées entre plusieurs des ces domaines. Pour prendre un exemple simple, les cadastres anciens sont autant une source d'information en histoire, en géographie, parfois en végétations lorsqu'elle sont différenciées.

Commençons par les formes du terrain, les modelés liés à la géologie, à la tectonique, à l'hydrologie.


La Géoarchéologie (parfois nommé de façon restrictive: géologie superficielle, du Quaternaire ou de l'Holocène ...) est la discipline qui étudie les sédiments archéologiques ou non archéologiques à des fins de compréhension des actions de l'homme ou de restitution de la physionomie du terrain sur lequel l'homme a pu agir.

Entre sciences naturelles et humaines, elle peut se définir comme une approche géologique d'un site archéologique, ou comme une application de la démarche de l'archéologue en géologie.

Elle utilise de nombreuses techniques ou approches.
- la stratigraphie qui étudie la succession des dépôts sédimentaires, naturels ou liés à l'activité humaine. Elle permet de fournir des datations relatives entre sédiments. Une couche qui repose sur une autre lui est postérieure (en situation de dépôt naturel).

- la géomorphologie étudie de façon assez descriptive et explicative les formes du relief et leur formation.

- la sédimentologie caractérise les dépôts et permet de comprendre leur genèse en localisant les provenance des minéraux part exemple. Les outils sont ici minéralogiques, granulométriques.

- la pédologie étudie la structure et la formation des "sols", c'est-à-dire de la partie superficielle du terrain, les premières dizaines de centimètres.

- la micromorphologie (d'autres noms pourraient être utilisés ici) étudie les sédiments meubles au microscope. Elle permet de comprendre comment les particules sédimentaires se sont mises en place, ont été perturbées, érodées, remaniées. L'isolation de la matière organique et son étude (comme la méthode dites des palynofaciès) peut y être rattachée.

- la géochronologie prend en compte la durée des phénomènes sédimentaires, nommés alors séquence et pour lesquels l'analyse des processus chimiques fournit des notions de dynamique.


L'étude d'une site (archéologique ou non) passe par la compréhension de la mise en place des sédiments le constituant. L'analyse doit être menée dans les trois dimensions de l'espace. Il est nécessaire de passer par des descriptions précises, détaillées, pour comprendre les modalités de formation et d'évolution dans le temps.

Sur le terrain, cela se traduit par des coupes stratigraphiques, des profils pédologiques, des photographies macro- et microscopiques.
Pour comprendre toue les dynamiques, ces relevés doivent considérer le terrain depuis le substrat jusqu'à la surface du sol actuel. Chaque profil pédologique, ou relevé stratigraphique permet d'aboutir à un découpage en unités stratigraphiques.
Chaque unité est caractérisée par un sédiment décrit, déposé d'une certaine façon à un instant déterminé.
Sont donc pris en compte :
localisation - nature - processus de dépôt - état de conservation - dynamique - chronologie.