samedi 18 juin 2011

Histoire du cadastre

Qu'est ce que c'est, le cadastre ?

C'est la phrase que Jean Gabin prononce dans La Grande Illusion avec un ton pour le moins moqueur. Si vous vous posez la même question, alors il existe un site indispenable pour enrichir votre connaissance.

Histoire du Cadastre Français.


Ce site est un véritable centre de documentation autour du thème du cadastre. L'auteur y aborde le cadastre avant et après la Révolution, les méthodes de lecture des plans cadastraux, des liens vers les cadastres anciens, et il nous fournit l'accès à la plupart des ressources documentaires sur ce sujet... mis à part peut-être la structure du paysage hérité des cadastres. La démarche archéogéographique est absente de cette compilation. Donc, n'utilisez pas ce site comme un lieu qui traite de l'aménagement du territoire mais simplement d'une ressource en "cadastre". Certains liens vers les sites d'histoire du territoire restent assez discutables... mais c'est un autre propos.

mercredi 15 juin 2011

Hommage à F. de Ravignan


François de Ravignan est mort. Pour la plupart de nos concitoyens, son nom n'évoque qu'un éventuel titre de noblesse mais pour les amateurs de sciences du paysage et des politiques d'aménagement du territoire, il était un humaniste courageux. Beaucoup d'entre nous ont suivi ses idées et ses traces, comme lui-même l'avait fait dans les pas de René Dumont.
Economiste et agronome, il a réalisé de nombreuses misions en Afrique et en Asie. En 1983, François de Ravignan publie "La Faim, pourquoi ?". Un ouvrage re-publié plusieurs fois depuis lors. Et depuis, sa plume a rempli de nombreuses pages d'écrits à la fois savants, subtils et profondemment citoyens. Et ses communications orales, ses participations à des débats, ses sonférences ont toujours été des lieux d'intelligence pour tous.

Pour saisir un peu de l'esprit de François de Ravignan, je vous propose de lire cet article qu'il a rédigé suite à la lecture du livre de Mamadou Cissokho paru en 2009 : "Dieu n'est pas un paysan".
Plusieurs autres documents sont également disponibles sur le site de la Mission d'Animations des Agrobiosciences en Midi-Pyrennées.

Pour les étudiants des écoles de paysage, la lecture des ouvrages de François de Ravignan est un passage obligé, en particulier "Comprendre le paysage" dans lequel il regroupe divers écrits et réflexion avec Bernadette Lizet. Au centre de ses propos se tenait le spectre terrible de la faim. "Il savait voir les hommes sous la science", disait de lui Bertil Sylvander de l'INRA Toulouse.

A lire :
L'article en guise d'hommage de ses amis de la confédération Paysanne dans le Midi Libre.

jeudi 9 juin 2011

Le haut Moyen âge en Haute-Normandie


Voici le premier volume d'une série qui devrait marquer son temps.

Il y a quelques années, le Conseil Supérieur de la Recherche Archéologique avait demandé aux Services Régionaux de l'Archéologie - SRA - (service en charge de l'archéologie dans les DRAC - Directions Régionale des Affaires Culturelles) de préparer un état des connaissances en archéologie. C'était avant tout une façon de rendre compte des premières années de "l'archéologie de sauvetage", devenue depuis "archéologie préventive" et de posséder des bases afin de pratiquer une meilleure gestion.
Mais cela ne c'est pas passé aussi bien que prévu. Certaines régions ont été très réactive, répondant à la demande de l'administration du Ministère de la Culture, d'autres ont préféré prendre du temps. Du temps pour réunir des contributions, du temps pour réfléchir à la cible d'une telle publication synthétisant les connaissances, du temps pour gérer les auteurs avec les susceptibilités et exigences de chacun. Les haut-normands n'ont pas été les plus rapides mais le défi a été relevé.

Le premier volume, sous la direction de Florence Carré, conservateur en chef au SRA de Haute-Normandie, fait une longue présentation de cet état des connaissances pour la période du haut Moyen Âge.
Entre le Ve et le Xe siècle de notre ère, l'occupation du sol est encore assez mal documentée, même si les progrès fait durant la dernière décennie sont considérables. Parler de l'organisation du territoire, des relations à l'environnement et de paysage n'est plus mission impossible faute de données. Un chapitre est même spécifiquement consacré à l'archéologie du paysage (p. 25-27).
Mais la part belle de l'ouvrage reste occupé par le monde funéraire avec des vestiges mobiliers souvent esthétiques pour le public. C'est le domaine traditionnel de l'archéologie mérovingienne avec les nombreux cimetières fouillés au XIXe siècle par l'abbé JB Cochet et quelques autres. L'habitat a fait son entrée dans la recherche sur ces périodes avec l'archéologie de sauvetage des années 90 et occupe maintenant une part tout aussi importante. Monde des morts et monde des vivants se rejoignent enfin.
On pourra regretter que le choix terminologique de la période ne se soit pas porté sur "le Premier Moyen Âge", comme proposé par Isabelle Cattedu dans le cadre du volume publié par Gallimard et l'INRAP et qui porte ce titre.
Ce livre, qui n'est pas vraiment destiné aux néophytes en archéologie, est pourtant d'un abord assez aisé. Bien structuré, avec des entrées de lecture claires et une bibliographie réellement utile, il fera le bonheur du passionné d'histoire régionale.

La série initiée par ce volume devra s'étoffer au cours des années à venir avec des opus consacrés à l'Antiquité, à la Préhistoire ancienne, au Néolithique ... donc à suivre !


L'archéologie en Haute-Normandie
Bilan des Connaissances
Tome 1 : Le haut Moyen Âge

Auteurs : Florence Carré (dir.), Yves-Marie Adrian, Nolwenn Zaour, Jens-Christian Moesgaard, Sophie Devillers.
Publications des universités de Rouen et du Havre
30 €

mardi 7 juin 2011

Les trognes de Mansion

Dominique Mansion ne m'en voudra pas de ce titre qui se veut accrocheur car c'est pour la bonne cause, vous conseiller la découverte de son livre.

Les Trognes
L'arbre paysan aux mille usages.



Publié aux éditions Ouest-France, ce livre vous guide avec de nombreuses photographies sur la piste de "l'arbre conduit". Il était traditionnel de gérer les arbres dans nos campagnes avec la même minutie que l'on pouvait traiter le bétail. Frênes-tétards, saules-têteaux, émondes ou tronches, ces qualificatifs parlent tous d'arbres dont la taille a conduit à une morphologie particulière. Mais l'acte n'est pas gratuit. Les branchages des arbres représentent une possibilité de litière, une réserve nutritive pour le bétail. Leur taille régulière et selon certaines règles permet la reprise vigoureuse des rejets qui facilite la production de bois ... du développement durable !
Pour ceux qui ne sont pas habitués à ce genres de choses. Ce que nous nommons souvent la taille des arbres devient au fil des années une façon de choisir la forme que l'arbre va prendre tout en ayant le meilleur bénéfice de sa présence.
Je vous montre juste deux exemples très caractéristiques :
- les ragosses, dont vous pourrez trouver de nombreux cas en Bretagne centrale mais également au Portugal sous une forme parfois encore plus étonnante,


- les frênes-têtards au rôle essentiel dans la ripisylve.


Il faut savoir que ces pratiques de taille des arbres ont une origine ancienne, souvent inscrite dans les documents juridiques de la fin du Moyen âge (coutumier, recueil d'usages locaux ...) en particulier par l'obligation de tailler tous les 7 ou 9 ans jusqu'à une certaine hauteur (ou à partir d'une certaine hauteur) ... hahaha : clin d'œil à mes étudiants de l'ENSP ;-)

N'oublions pas que Dominique Mansion est aussi, entre autres choses, le créateur du plusieurs espaces autour de l'arbre, et le concepteur de l'Agenda nature dont la version 2012 devrait bientôt être disponible.



Les Trognes, l’arbre aux mille usages
Dominique MANSION
novembre 2010
Éditions OUEST-France
143 pages richement illustrées

dimanche 5 juin 2011

Flashé ?

Parmi les étudiants en première année à l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, un groupe a eu la chance (faut voir !!!) de réfléchir à la place de la signalétique et des grands panneaux publicitaires ponctuant nos routes.
Ma propre réflexion sur ce sujet a trouvé un nouveau point d'appui avec la polémique autour des panneau de pré-signalisation des radars automatiques de vitesse, polémique mise en œuvre tout d'abord par les médias.


En fait, je vois réellement un intérêt dans cette suppression des panneaux ; c'est celui de la diminution de la pollution visuelle. Reconnaissons que ces panneaux sont grands.
Nos aménagements de bords de routes et d'autoroutes font de plus en plus appel à un sens aigu de l'esthétisme pour obtenir une signalétique de qualité. Il suffit pour cela de constater l'amélioration des panneaux d'annonces touristiques sur autoroute (ces panneaux à dominante brune qui vantent tel château ou abbaye) ... même si bien souvent, la position du panneau fait qu'il devient également une forme de pollution visuelle.
La panneau d'annonce de radar automatique, codé SR3, a pour mission exacte :"signal annonçant une zone où la vitesse est contrôlée par un ou des radars automatiques".

Mais soyons honnêtes, l'existence même de ce panneau relève de la plus profonde hypocrisie. Placé là pour signaler une zone dangereuse à venir, et donc où il convient d'être attentif à son comportement et sa vitesse, on vous annonce en fait un radar présent pour vous sanctionner. On vous propose donc d'éviter la sanction, il suffit de lever le pieds durant les quelques centaines de mètres qui approchent.
Hypocrisie des pouvoirs publics qui trouve là un beau moyen de faire entrer de l'argent dans les caisses de l'Etat (c'est pas le radar qui va empêcher des inconscient de prendre la route), hypocrisie des conducteurs qui prétendent que cela les rends plus attentifs (mais après le radar, 150 km/h c'est quand même mieux !), hypocrisie politique qui fait de ce sujet un argument de contestation sur le fonctionnement du gouvernement, hypocrisie sociale d'une société qui oublie de dire qu'elle ne peut fonctionner qu'avec des lois qui sont là pour être respectés ... ou transgressés. Pour ma part, si je suis flashé, c'est bien fait pour moi !

Mais c'est une partie de nos mentalité qu'il faut changer. Rouler avec la peur du gendarmes et de la sanction doit être remplacer par rouler en étant conscient des dangers de la route.
Mon hypocrisie à moi, c'est : oui il faut supprimer ces panneaux annonçant les radars automatiques ... ils défigurent le paysage.

Petit rappel : à 110 km/h sur autoroute et à 80 km/h sur route, vous polluez moins, vous économisez du carburant et des sous. Dernière hypocrisie .. oui, la crise de l'énergie va sauver des vies !!!

vendredi 3 juin 2011

Les paysages de l'au-delà !

Le paradis existe-t-il ? Pour le croyant, la réponse affirmative ne déclenche pas forcement une projection visuelle de ce paradis. Dans son livre, mal nommé "Guide du Paradis", Michel LEGRAIN nous présente une série d'illustrations du paradis, aux Editions Armand Colin. Tant dans les arts graphiques que dans la littérature, les choix fait par l'auteur sont frustrants. Chacun d'entre nous connait d'autres exemples de visions de l'Eden, et les commentaires qu'en fait Michel Legrain restent très subjectifs ... et pour cause. Son avantage est d'être transchronologique. Il permet aussi la visualisation et ne s'embarrasse pas des métaphores et de commentaires trop pourléchés de romantisme. Donc vous pourrez peut-être construire avec son aide votre propre image idéalisé d'un paysage du paradis, d'un Éden bien terrestre ou irréaliste à souhait. L'idée qu'un guide touristique du paradis nous y aide est assez originale.



Mais pour construire ce paysage du paradis qui sera propre à chacun d'entre nous , encore faut-il être capable de concevoir ce que nous y attendons. Cette démarche plus personnelle demande donc un autre accompagnement. Un bon contrepoint au livre de Michel Legrain est celui de Pierre CONESA, qui porte le même titre "Le guide du Paradis" aux éditions de l'Aube en format de poche (coll. Essai). Il vous amène à une autre lecture du paradis, celle de la religion et des choix de paradis que nous pouvons faire, ou que la société nous conduit à faire. Sommes nous libre de choisir notre paradis ? Devrons-nous admettre un paradis préparé par les sages et les illuminés ou bien simplement l'imaginer avec l'aide de nos propres créations picturales ou littéraires ? Pour reprendre l'idée du sous-titre du livre de P. Conesa, attention à la publicité mensongère !