mardi 18 décembre 2007

Le Paysage pour les débutants - 4

Après avoir abordé les formes générales du paysage avec le volet de la morphologie, de la géologie ... voici un commentaire sur les sources de la connaissance des paysages dans leur dimension environnementale.
L'environnement des paysages actuels est caractérisé par les végétaux mais aussi par la faune qui y vit. Cette symbiose entre faune et flore qui forme l'une des bases de l'écologie s'applique aussi pour les temps passé. En obtenant des informations sur l'une de ces composantes pour un moment reculé du passé, on peut envisager des déductions sur les autres composantes de l'environnement.
Une plante particulière peut être associée à d'autres qui forment avec elle un groupement végétal caractéristique. Une faune peut lui être également associée. mais, ce n'est pas si simple, une plante peut appartenir à plusieurs types d'associations.
Pour les paysages et environnements du passé, c'est la même chose.
Les sciences du paléoenvironnement sont multiple. Elle peuvent donner une image directe du végétal environnant en identifiant des espèces par leurs restes.
Elles peuvent également fournir une image indirecte par des traces laissées par les espèces animales vivant dans un milieu défini.
Elles permettent également de fournir une image climatique locale ou micro-locale (stationnelle) dont la représentativité doit être estimée. Toutes ces démarches peuvent être combinées. Elles reposent sur des indicateurs.
On parle aussi de paléobotanique pour les végétaux et de paléofaune pour les animaux.
Quelques disciplines spécifiques sont :
La palynologie qui étudie la partie la plus solide des plantes, les pollens. Les pollens se dispersent plus ou moins loin suivant les espèces, avec l'aide du vent, des insectes, de l'eau, de l'homme. Le comptage des pollens dans les couches sédimentaires permet de construire une représentation "théorique" d'une courte séquence de temps plus que celle d'un instant T.

La carpologie étudie les macro-restes végétaux, graines et fragments divers de végétal dont l'identification donne des indices sur la présence de certaines espèces. Elle est fréquemment utilisée pour les dépôts liés à une activité humaine (silos, dépôts funéraires) mais aussi dans les tourbes certains paéosols.
L'anthracologie étudie les charbons de bois et permet de définir les espèces et éventuellement la portion du végétal utilisée.
La xylologie étudie les fragments de bois conservés. Particulièrement intéressant en contexte tourbeux boisé, elle est aussi importante lors qu'il y a présence de bois travaillés par l'homme.
La malacologie collecte les informations sur les mollusques. Tout le monde voit des petits coquillages terrestres et des coquillages marins. Il existe aussi des coquillages très précisément adaptés à des milieux spécifiques, on dit aussi "inféodés". Les coquilles microscopiques sont comptés et permettent également de fournir une "image" du milieu.

Le spécialiste de la paléoentomofaune compte également, mais il s'agit des reste de coléoptères et autres insectes. Les élytres (qui protègent les ailes) sont la partie résistante de ces animaux. On les retrouvent dans la plupart des sédiments organiques.
On peut également faire des décomptes de tout reste des enveloppes de animaux que ce soit en calcaire, silice, chitine ou composite. Ces restes sont des "tests". C'est le cas des mollusques, mais aussi les algues dites diatomées. Le test est alors nommé frustule. Les oursins sont aussi de ce type, comme d'autres espèces d'invertébrés.
Enfin, les végétaux peuvent présenter des cellules dans lesquelles se développent des concentrations de silice sous forte d'opale. Les phytolithes sont des indicateurs végétaux particulièrement fiables.

De nouvelles disciplines sont régulièrement inventées pour fournir des indicateurs paléoenvironnementaux. Associés aux géomorphologues holocènes, les environnementalistes proposent des scénarios d'évolutions climatiques locales (ou micro-locales) mais aussi pour des territoires plus larges. La représentativité du point de prélèvement est alors essentielle : tourbière, site archéologique, sédiments alluviaux, colluvionnements ...).

Illustrations : groupe de pollens, lucane cerf-volant, phytolithe.

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