mercredi 26 septembre 2007

David Hockney

Depuis plusieurs mois que ce blog existe, très peu de place est laissée à la peinture.
Pourtant, si vous inscrivez "paysage" sur votre moteur de recherche préféré, bon nombre de réponses concerneront l'art du paysage sur toile, papier ou autres supports. L'aquarelle y tient une place importante, mais ce n'est pas la seule expression paysagère graphique. Dans les nombreux volumes parlant d'histoire du paysage, on évoque la naissance de cette notion avec la Renaissance et les premières représentations de l'espace paysager.

Mon gout personnel va plutôt vers un art plus contemporain comme celui de David Hockney.

Il est à la fois un destructeur et un constructeur de paysage graphique. Il décompose la vision que lui apporte la photographie pour mieux recomposer le paysage ensuite. Il a beaucoup utilisé le photomontage.
Son expression est souvent éloignée de ce que l'on attend d'un "peintre paysagiste" ert la notion même de "paysage" pourrait sembler impropre à qualifier certains de ces travaux comme "Flight into Italy - Swiss landscape" daté de 1962, toile formée de collage d'extraits de magazines et d'un rythme paysager qui a beaucoup à voir avec la lecture géologique.


Un de ses thèmes majeurs (utilisé vers 1980 puis à nouveau à la fin de années '90) est le canyon. En voici deux exemples. Avec le "Nichols Canyon", très coloré et assez plaisant. On peut y trouver du Cezanne, du Picasso mais aussi Andy Warhol.

Et un travail plus récent et plus complexe sur le grand canyon qui a fait l'objet d'au moins cinq représentations variées, plus ou moins fragmentées et recomposées. Ici, seul un fragment est visible. Hocknet a manifestement été fasciné par ce site, sa profondeur, son ampleur, et ses couleurs. Seule une des toiles montre la rivière Colorado mais sa marque est très lisible, là encore grâce à une véritable lecture géologique du phénomène.

C'est ce tableau qui a fait la couverture du livre édité à l'occasion de l'exposition Espace/Paysage, au Centre Georges Pompidou à Paris en 1999.



Et puis il y a la vision de la côte pacifique qui a ma préférence. "Pacific coast highway and Santa Monica" possède un rythme, à la fois linéaire et ondulatoire. la route y est un éléments majeur du paysage avec un rôle structurant fort.



Mais où est donc le jardin dans le paysage. Ici, il y a autant du "protoplasme" évoqué par Edgar Morin que de la renaturation d'un espace dans lequel la ville est pourtant omniprésente.

L'instant le plus fugitif le point de vue le plus appuyé, les fantasmes collectifs, la connaissance historique et géographique, les souvenirs, les anecdotes, le regard des peintres qui nous précèdent, tout cela finit par constituer un superbe pudding visuel, tactile, sonore, cinétique, c'est-à-dire le paysage moderne, forcément cézannien, futuriste et cubiste.



Vous trouverez beaucoup d'autres informations sur Hockney sur ce site ou celui-ci.
Un beau documentaire lui est consacré, réalisé par la BBC. Si vous voulez en savoir plus, allez chercher le livre de Marc Livingstone qui se nomme simplement "David Hockney", édité par Thames et Hudson.
Et puis il a également le livre dans lequel il parle lui-même de son travail en parcourant les techniques de peintres plus classique et ce que leurs découvertes lui ont apporté. Le livre se nomme "Savoir secrets"

" Le cubisme est affaire de perception et de représentation du réel. La plupart des distinctions en art, comme l'abstrait opposé au figuratif, me paraissent fausses. Il y a très peu de conflits en art qui, selon moi, valent la peine, à l'exception d'un seul : le désir de représenter. Le désir de représenter est très fort en nous, très profond, et il se refuse à disparaître. [...] Nous représentons le monde, afin de mieux le comprendre. " David Hockney.

vendredi 21 septembre 2007

A voir absolument

Cliquez sur le lien, vous comprendrez comment certaines mises en oeuvre et traitement de la pollution n'ont plus grand chose à voir avec le développement durable.

http://www.lemonde.fr/web/video/0,47-0@2-3244,54-957302,0.html?xtor=RSS-3244

jeudi 20 septembre 2007

Le Paysage - une synthèse

Voilà un livre qui va faire plaisir à beaucoup de ses lecteurs... et qui risque d'en décevoir d'autres.

En un peu plus de 100 pages, Pierre Donadieu et Michel Perigord ne nous propose pas un outil pour comprendre le paysage, ce n'est pas un livre "de la connaissance". Mais c'est un livre pour celui qui veut devenir un acteur, présent, attentif et efficace dans la gestion des paysages.

En 6 chapitres, sont évoqués les éléments historiques, les enjeux liés au paysage, les politiques publiques en France, les identités paysagères, les outils et concepts, et le paysage/porteur de projet.

Si dans les chapitre 3, 4 et 5, Pierre Donadieu (ENSP Versailles) excelle dans un discours clair et précis. Les politiques du paysage y occupent une place de choix, trop peut-être. Et Michel Périgord, géographe de l'université de Poitiers, apporte des sources qui ne sont pas toujours acquises chez les paysagiste. Le chapitre 5 sur les outils et concepts est sans doute le plus intéressant. Les expertises et idéologies recouvrent en fait une réflexion sur la façon dont la société peut agir sur ses paysages, qui trouve sa résolution dans le chapitre suivant en montrant quelques exemples concrets (ligne THT, éoliennes, autoroutes). On pourra regretter que seules les grandes infrastructures soient évoquées, ce qui occulte les paysages dits ordinaires, mais un ouvrage de cette petite taille ne peut pas tout explorer.

La bibliographie m'a semblé bonne car elle est diversifiée, contient de nombreux auteurs que j'ai aimé lire et qui dénote une attention aux sciences humaines (Berque, Besse, Corbin, Descola, Di Méo et Buléon, Latour). Mais elle manque encore d'ouverture, d'une véritable interdisciplinarité nécessaire de la science autour de l'objet (flou) qu'est le paysage.
C'est également l'image qui ressort de l'ensemble de l'ouvrage ; les propos sont clairement extraits d'un discours de paysagiste, non culturaliste, et pas sensible aux notions d'équilibre paysager et de dynamique paysagère propre à un espace donnée.
Bref, pas de discours historique de la longue durée, pas d'approche écologique (hormis celle de l'écologie du paysage développée par Burel et Baudry), peu de fonctionnalisme du paysage et pas de démarche propectives. Voilà les ouvertures qui m'ont manquées.
Le paysagiste ne sert-il qu'à mieux intégrer les lignes à haute tension et à établir un projet de paysage pour un quartier péri-urbain nouveau ?

Malgré cette critique, l'ouvrage deviendra vite un fondamental, presque un manuel (à mon humble avis) sur ce que le paysage nous apprend sur nous-même et sur notre façon de le considérer. C'est là son véritable apport, et ce n'est pas une qualité mince.
Donc, un livre à lire et à posséder dans sa bibliothèque... pour un tout petit prix (9 € maxi).

L'ouvrage est publié dans la collection "géographie 128" chez Armand Colin.

Pour conclure, un extrait de "Les paysages de l'identité" de Di Méo, Sauvaître et Soufflet (2004) reprit par P. Donadieu et M. Périgord qui montre bien la démarche dans laquelle s'inscrivent les auteurs :
"...les paysages constituent des valeurs symboliques, résolument identitaires, du rapport des hommes et de leurs groupes aux territoires qu'ils s'approprient et qu'ils vivent. L'identité ainsi produite fait l'objet de multiples manipulations idéologiques et politiques qui créent souvent de l'exclusion sociale."

Ci-dessous : Michel Périgord à gauche - - - Pierre Donadieu à droite

mardi 18 septembre 2007

Bibliothèque d'Histoire Rurale

Le volume n° 9 de cette collection est sortie en fin d'année dernière. Il se nomme "Acteurs et espaces de l'élevage" et est édité par l'Association d'Histoire des Sociétés Rurales en collaboration avec d'autres organisme.
Réunis pas Philippe Madeline et Jean-Marc Moriceau, les textes de 18 auteurs différents ouvrent un regard sur l'histoire de l'élevage du XVII° au XXI° siècle, mais aussi sur la place de l'élevage dans l'évolution des politiques agricoles jusqu'à nos jours. Le sommaire est diversifié.
Le volume regroupe les actes d'un colloque interdisciplinaire tenu en octobre 2004 à Saint-Christophe-en-Brionnais et les travaux poursuivis en 2003-2004 par le "pôle rural" de la MRSH de Caen. Géographes et historiens sont associés ici à des juristes, des économistes, des zootechniciens. La démarche monodisciplinaire est de plus en plus mise à mal en études rurales et c'est un bien.
Ce livre ne franchit pas encore le stade de la réelle interdiscipinarité pour aller vers la transdiciplinarité, là où chaque spécialiste comprend le langage et les outils des disciplines avec lesquelles il travaille, et où l'épistémologie de l'un enrichie celle de l'autre, où les paradigmes des uns sont transformés par ceux des autres.

Régulièrement publiés, les ouvrages de cette collection forme une véritable base documentaire qui va continuer de s'amplifier durant les prochaines années car l'équipe de l'association HSR est particulièrement active et publie les actes des colloques qu'elle organise (souvenez vous de celui sur les plan terriers à Paris).

Ils sont tout à fait complémentaire avec les numéros à parution plus régulière de "Histoire et Sociétés Rurales" (publication HSR) et "Enquêtes Rurales" publié par le Pôle "Sociétés et Espaces Ruraux" de la MRSH de Caen.

vendredi 14 septembre 2007

Hervé Sentucq

Sur les hyperpaysages, il y a cette dimension de l'espace circulaire, et j'aime cette appréhension de l'environnement, du point de vue.
La technique de prise de vue panoramique est très délicate et Hervé Sentucq maitrise celle-ci avec merveilles. Sur son site, il nous montre quelques extraordinaires exemples dans plusieurs régions du monde.

La Haute-Normandie fait partie de ses terrains. Le portfolio qu'il lui consacre contient quelques très beaux exemples de mise en oeuvre, de mise en scène, de mise en perspective.


Mon image préférée est celle de la maison Henri IV de Saint-Valery-en-Caux, mais celles de Parfondeval, Veules et Brotonne valent la peine.

Hervé Sentucq a réalisé un bel ouvrage sur l'Ecosse, "Scotland panorama". Il fait suite à celui réalisé sur la Normandie.




Allez faire un tour sur son site, il vous réserve une surprise de promotion sur le prix de son livre avec des cartes postales en cadeau... tout cela à des tarifs abordables.

Un appel au voyage dans les "grandes largeurs". Merci Hervé.

mercredi 12 septembre 2007

Théodore Monod et Francis Thompson

« Quand on cueille une fleur, on dérange une étoile. »

Attribué à Théodore Monod, mais extraite d'un poème de Thompson, j'ai entendu cette phrase a plusieurs reprises et je prends aujourd'hui conscience de sa relation avec le paysage.

Le parcellaire est un constituant éminemment stable de la structure du paysage, les corridors écologiques et les structures du paysages végétal forment un équilibre qui supporte mal les modifications, la chaine trophique d'un milieu constitue un équilibre souvent précaire dès que l'homme intervient, la notion de "climax" (souvent remise en cause) sous-entend un équilibre qui ne sera que temporaire ou jamais atteint... alors ...

Sommes-nous en mesure de prendre la décision de rompre ou de maintenir cet équilibre ?

En replaçant la phrase dans le poème dont elle est issue, le sens devient encore plus criant. Et à la suite de Gilles Jobin, je vous renvoie vers la phrase de Christian Bobin, dans L'Équilibriste. Il nous dit : « Pour lire un roman, il faut deux ou trois heures. Pour lire un poème, il faut une vie entière. » Et ce poème là pourrait bien être un chemin de vie.

When to the new eyes of thee
All things by immortal power,
Near or far,
Hiddenly
To each other linked are,
That thou canst not stir a flower
Without troubling of a star.



Un texte merveilleux dont vous pourrez découvrir l'intégralité ici.



mardi 11 septembre 2007

Caux maritime

Le Pays de Caux n'est-il qu'une vaste zone plane avec quelques ilots de verdures autour de l'habitat ?

A en croire la carte réalisée par l'office du tourisme du Pays "Plateau de Caux maritime", on pourrait le croire. Ce dépliant comporte la crate ci-jointe et une belle aquarelle de Maurice Dubuc qui présente l'ensemble des villages de ce secteur. Elle couvre un territoire qui va de Saint-Aubin-sur-Mer à Butot et d'Allouville-Bellefosse aux Petites-Dalles.

En mettant le cachet du tourisme patrimonial en avant, car les édifices remarquables de cette zone sont représentés, le modelé disparait et c'est vraiment dommage. Mises à part les vallées littorales (Durdent, vallée de Saint-Valery, Dun), tout relief a disparu !

Quelques exemples de l'importance de ce modelé pour la mise en situation des édifices.
Le château de Galleville s'insère avec sa ferme dans un haut de versant ; le village de Bourville est accroché à la pente d'une petite vallée, les manoirs d'Ecreteville-les-Baons et d'Hautot-le-Vatois s'inscrive dans des vallonnements et le domaine d'Ermenouville est bordé d'un zone humide à l'ouest qui le sépare des terres de Sainte-Colombe.

Par contre, le patchwork des cultures est bien rendu par le talent de l'aquarelliste, assemblage de formes de variétés de verts et de jaunes et d'ocres formant une mosaïque où ne manque que le bleu du lin. Et le rendu montre bien les lieux de verdure boisée dans la vaste plaine cauchoise, "la plaine" comme le disent les agriculteurs.

Pour retrouver le relief qui manque à cette carte, allez donc faire un tour sur place.

vendredi 7 septembre 2007

Qui gère quoi ?

En voilà une question qu'elle est bizarre ! Qui gère quoi ?

En matière de paysage, c'est réellement une question à poser. A priori, et en application de la règlementation, c'est la DIREN (direction régionale de l'environnement) qui gère les sites et paysages. Mais les sites contiennent bien souvent de nombreux sites dont l'intérêt patrimonial relève également de la compétence des services du Ministère de la Culture (DRAC), que ce soit les monuments historiques, le service d'archéologie, ou le service départemental de l'architecture avec ses ABF. Sans compter, les commissions des sites et les autres instances qui dépendent des collectivités territoriales et qui peuvent être amenées à intervenir, en particulier dans le cadre de l'urbanisme ou pour des financements.
Après avoir parcouru les différents sites web de ces services en Haute-Normandie, la situation pourrait sembler plus flou encore.
En effet, sur le site de la DIREN, vous pouvez visionnez un beau diaporama des sites protégés et gérés par ce service de l'Etat... et comble de bizarrerie, les deux tiers des sites présentés ont, au centre de leur protection, un édifice relevant de la Culture (Château-Gaillard, Acquigny, Cany...).
Et si vous allez faire un tour du côté de la Culture, vous découvrirez que la gestion des jardins historiques, l'organisation de la journée des jardins, sont de la compétence de la DRAC.

Ah, la difficulté des compétences partagées. Et tout cela n'est que la conséquence d'une règlementation qui date de 1913 et 1930, et qui a laisser distincts deux domaines soit-disant disjoints qui sont (seraient)le culturel et le naturel.

Au moment où les conservations régionales des monuments historiques perdent certaines de leurs compétences pour cause de décentralisation, ne serait-il pas utile de provoquer un rapprochement de ces services ?
Les paysages ne pourraient-ils pas être entièrement de la compétence des DRAC(s) car notre térritoire est depuis longtemps totalement anthropisé ?
Les sites ne pourraient-ils pas aussi être totalement de la compétence des DIREN(s) au titre de l'environnement et du cadre de vie ?

Une chose est certaine, ce flou (pas artistique du tout) entretenu, ne facilite pas la gestion des sites historiques ni celle du paysage. Le seul "avantage" est de permettre à l'Etat de diminuer son engagement, son investissement, sa présence ... alors que ses services sont constitués de personnels compétents mais de moins en moins animés par la passion de leur début de carrière.

Quand pourrons-nous enfin considérer le patrimoine comme une globalité ?
Le château, son allée, son parc, ses bois, sa ferme et ses bâtiments, les terres de la ferme, l'église, les traditions des habitants de ce village, l'organisation des maisons, l'histoire urbaine, etc forment un tout que quelques urbanistes nomment "cadre de vie" et serait sans doute mieux géré par une seule et même équipe.

lundi 3 septembre 2007

Rendez-vous CAUE - 1

Le CAUE 76 (conseil d'architecture, d'urbanisme, d'environnement de la Seine-Maritime) organise au long de l'année 2007/2008 des rendez-vous pour rencontrer des spécialistes ou aller à la rencontre de sites, de techniques ou de savoir-faire.


Et ça commence le 12 septembre 2007 avec un premier rendez-vous sur : "Pour des espaces verts écologiques : la gestion différenciée" avec François Veillerette. Il nous parlera sans doute de biodiversité des espaces semi-sauvages et cultivés ou jardinés en ville ainsi que des entretiens et aides aux cultures. Son grand combat est autour des pesticides et des risques qu'ils font courir à cette biodiversité (il est animateur d'une réseau sur ce sujet).
Sans faire compliqué, la gestion différenciée n'est jamais qu'une façon de laisser faire la nature quand on le peut, ou d'adapter le mode de gestion à l'emplacement et au cortège végétal présent (tonte en 2 temps, suppression des pesticides et engrais, ... ). Les principes en sont bien expliqués sur la page Wikipedia qui en parle.
François Veillerette sera associé à Dominique Durand (directeur du service des espaces verts de la ville de Beauvais) qui évoquera son expérience professionelle et, peut-être la place que va prendre l'Agenda 21 local dans le fonctionnement des espaces verts de la ville.


La rencontre aura lieu le 12 septembre 2007, à Pont-Audemer (27), salle des Carmes, à 10 h 00.

Et l'après, il est prévue de faire une promenade-visite du Parc des Etang.


Cette journée est aussi l'occasion de découvrir que le CAUE 27 existe aussi, puisqu'il sera co-organisateur de la journée. Tout nouveau, tout beau !!! ou le simple prolongement de la petite structure qui faisait office de CAUE auparavant ? Espérons qu'il sera doté de moyens à la hauteur des missions...
Sachez aussi que Pont-Audemer est une des rares villes où vous pouvez passer un week-end de repos sur pilotis, en louant ses drôles de cabanes au large du camping et au milieu des étangs.