mardi 25 août 2009

Petits éléments ... et paysage

Cette courte réflexion vient de la découverte du blog de Danièle, de la lecture du livre dont je parlais dans mon précédent message et des cours que j'assène à quelques étudiants de l'Ecole du Paysage de Versailles.

Qu'est ce qu'un élément de paysage ?

La réponse est bien souvent teintée de patrimoine. Les éléments de paysage sont les composantes qui permettent de décrire le paysage, qui ont un sens indépendamment les uns des autres mais qui en prennent un autre en étant associés. C'est un vestige du passé, un témoignage d'un usage, un objet d'une pratique ou une portion de l'espace voué à une activité particulière.
En fait, chaque élément de paysage donne à voir quelque chose qui n'est pas le paysage. L'ensemble des éléments mis ensemble donne à voir autre chose encore. Changer un élément du paysage, et le paysage n'est plus le même, il dit autrement sa vie et ses habitants.
Un seul éléments de paysage vous manque, et tout le paysage est dépeuplé, pourrait dire le poète.

Et j'ai alors découvert les portes ... et les poignées de porte.
Ces petits éléments du quotidien me sont tout à coup devenu essentiels car ils sont le lien entre le dedans et le dehors des maisons. Ils sont ce que l'on voit, et qui nous invite à imaginer ce que l'on ne voit pas.
La poignée de porte est donc également un élément de paysage.
Il y a sans doute de nombreux autres petits éléments de ce type qui jouent un rôle dans le paysage de façon discrète et souvent insoupçonnée.

Ce n'est pas ma première réflexion de ce type mais je crois que la compréhension du paysage passe passe par de la lecture à diverses échelles qui sont cumulées pour former le "dit-paysager" si différent du "paysage habité".

mercredi 19 août 2009

Maison paysanne en Bretagne


La Maison paysanne en Bretagne - 2500 ans d'habitat rural - est un livre des éditions Coop-Breizh réalisé sous la direction de Noël-Yves Tonnerre, professeur d'histoire médiévale à l'Université d'Angers. Cet ouvrage, essentiellement historique, est co-écrit avec des archéologues de la Direction des Affaires Culturelles de Bretagne (M. Batt, Y. Lecerf), de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Y. Menez) et de nombreux universitaires de Brest, Rennes et Amiens (P. Galliou, D. Pichot, J. Gallet, D. Leloup, D. Lelouche, J.-P. Simon) ainsi que de G. Buron du Musée des Marais Salants, du professeur Meirion-Jones et de l'architecte C. Le Pabic.
En une quinzaine de chapitres, le livre parcours les thématiques de l'habitat en Brettgne rurale dans sa dimension chronologique et technique. Ces textes ont été réunis suite à une journée d'études tenue en décembre 2001 à l'Université de Brest.
Le territoire couvert par l'étude est très vaste et démontre, peut-être involontairement, une certaine hétérogénéïté du bâti rural. J'ai regretté la faible place donnée à la réflexion ethnohistorique, mis à part le texte de Daniel Pichot sur la société du coeur du Moyen Age (XIe-XIIIe siècles). Le texte de Jean-François Simon reste anecdotique, pour une ethnologie de la porte bretonne.

L'illustration fait la part belle à la documentation archéologique, avec quelques photographies aériennes et des comparaisons très interessantes avec des habitats des îles britanniques. Les cartographies aident à la mise en situation des habitats, mais ouvrent peu la lecture vers le paysage créé autour de ces sites. La bibliographie qui conclue le livre pourra vous ouvrir des pistes.

Aucun propos n'aborde les problèmes de la conservation, réaffectation ou transformation sauvage de l'habitat vernaculaire breton. Ces pages restent à écrire. L'ensemble de ce livre forme un bel ouvrage de référence sur le sujet à un prix restant abordable vu l'importance de la documentation.

vendredi 7 août 2009

Grenelle de l'Environnement

Le Grenelle de l'Environnement est enfin présent de façon concrête au journal officiel. Il s'agit de la LOI n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement.
Les objectifs sont clairement énoncés. Par exemple, le nombre de rénovations de bâtiments par année est fixé à 70.000 à partir de 2011.
Mais dans ce domaine de l'habitat comme dans d'autres (transport, énergie, biodiversité, ...) l'Etat fixe des grandes directions, des objectifs sans mesures contraignantes ni véritables engagements financiers, mis à part celui de l'incitation à l'investissement et à l'utilisation du porte-monnaie des collectivités locales (voir l'article 51 à ce propos).
Un exemple : "l'Etat se fixe comme objectifs : la mise à jour d'ici à 2012 de l'inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, floristique et faunistique, marines et terrestres, et la révision, dans les mêmes délais, des listes d'espèces menacées (article 25)".
On est vraiment poussé à dire : " et alors ?" Il va falloir surveiller les décrets éventuellement pris pour atteindre ces objectifs. Pour cela, un suivi des travaux d'application de cette loi vont devoir être conduits : recensement des objectifs, mesures prises pour chacun, échéances, contrôles. Le monde associatif (et politique) sera sans doute très présent dans cette mission de suivi (il l'est d'ailleurs déjà grandement avec FNE, Greenpeace, Fondation N Hulot, mais aussi des plus petites tout aussi efficaces ... ).

En outre, le paysage est cité comme un argument dans l'article Premier précisant que la dite loi "... fixe les objectifs ... organise la gouvernance à long terme ... pour ... préserver et mettre en valeur les paysages. ..."
Et puis c'est tout, ancun article ne concernant précisément cette thématique. Donc ... à suivre !

mercredi 5 août 2009

Meneham

Sur la côte sauvage du Finistère nord, il y a de nombreux lieux aux paysages magiques, chargés d'histoires et d'Histoire. C'est le cas du petit village de Meneham, en fait, un hameau de Kerlouan, sur la côte des légendes.


Le cachet du lieu est la conséquence de plusieurs choses.
Tout d'abord une géologie chaotique où le granit et les dunes de sables (arène granitique remanié) se partage le sol.
Puis un village, en ruine il y a encore quelques années, est aujourd'hui restauré. Il accueille des activités diverses dans les différents maisons réparées, voire rebâties comme au milieu du XXe siècle, car ce village était habité il y a encore assez peu de temps.
Le café-restaurant a repris la place de celui qui a fonctionné de 1936 à 1973 avec de la cuisine traditionelle bretonne (comme le Kig a Farz). Dommage que les tarifs soient un peu chers.
La Maison Salou a été transformé en espace muséographique. C'est encore un peu fruste mais ce n'est paut-être qu'un début.
La Maison Boédoc est devenu l'espace d'acceuil avec une exposition permanente qui présente le cadre général géologique, botanique et humain.


D'autres maisons existaient et certaines sont déjà utilisées comme gite de vacances.
Le village vivait essentiellement de culture de la terre sableuse environnante, du ramassage du goémon ou pioka (goémon frisé).
Mais ce village serait comme de nombreux autres s'il n'y avait eu la présence de la douane du XVIIe au XIXe siècle. En fait, c'est sans doute à partir de la présence des douaniers que le village s'est bâti. Un caserne y est encore visible. Elle héberge un village d'artistes.


Et entre les roches, dans le chaos qui domine le hameau, se trouve le poste de douane, le "corps de garde" où l'on vous racontera les légendes qui courent sur ce lieu et qui faisant dire que les habitants étaient aussi des naufrageurs.

Ce site me fait poser la question de la pérénité de ce type d'aménagement. Le Conseil Général du Finistère et la commune de Kerlouan ont misé cher et investi beaucoup dans ce projet. Pour le moment (suite à la discussion que j'ai eu avec une des responsables de l'acceuil), le gite est bien réservé, le restaurant tourne mieux que les années passées, les animations sont suivies par les vacanciers comme par les locaux. En effet, l'impact local est fort car les personnes agées qui ont vu le village de Ménéham vivant vienne retrouver l'ambiance des temps passés.
Mais qu'en sera-t-il de la vie du site dans quelques années ? Le renouvellement des activités y sera difficile. L'authencité saura-t-elle résister au poids du tourisme de masse qui est souhaité par le CG29 ?

Plus d'infos (pastez, jeux de boules, four à pain, sur le site de l'office de tourisme de Kerlouan, mais aussi simplement en tapant "Meneham" sur votre fureteur favori.
Et il y a même une page sur Wikipedia.
Et encore un site de photo très documenté ici.
Et un autre site d'où vient la photographie des maisons en chantier, celui de la Tribu d'Anaximandre.

Le village au milieu du XXe siècle.