jeudi 20 septembre 2007

Le Paysage - une synthèse

Voilà un livre qui va faire plaisir à beaucoup de ses lecteurs... et qui risque d'en décevoir d'autres.

En un peu plus de 100 pages, Pierre Donadieu et Michel Perigord ne nous propose pas un outil pour comprendre le paysage, ce n'est pas un livre "de la connaissance". Mais c'est un livre pour celui qui veut devenir un acteur, présent, attentif et efficace dans la gestion des paysages.

En 6 chapitres, sont évoqués les éléments historiques, les enjeux liés au paysage, les politiques publiques en France, les identités paysagères, les outils et concepts, et le paysage/porteur de projet.

Si dans les chapitre 3, 4 et 5, Pierre Donadieu (ENSP Versailles) excelle dans un discours clair et précis. Les politiques du paysage y occupent une place de choix, trop peut-être. Et Michel Périgord, géographe de l'université de Poitiers, apporte des sources qui ne sont pas toujours acquises chez les paysagiste. Le chapitre 5 sur les outils et concepts est sans doute le plus intéressant. Les expertises et idéologies recouvrent en fait une réflexion sur la façon dont la société peut agir sur ses paysages, qui trouve sa résolution dans le chapitre suivant en montrant quelques exemples concrets (ligne THT, éoliennes, autoroutes). On pourra regretter que seules les grandes infrastructures soient évoquées, ce qui occulte les paysages dits ordinaires, mais un ouvrage de cette petite taille ne peut pas tout explorer.

La bibliographie m'a semblé bonne car elle est diversifiée, contient de nombreux auteurs que j'ai aimé lire et qui dénote une attention aux sciences humaines (Berque, Besse, Corbin, Descola, Di Méo et Buléon, Latour). Mais elle manque encore d'ouverture, d'une véritable interdisciplinarité nécessaire de la science autour de l'objet (flou) qu'est le paysage.
C'est également l'image qui ressort de l'ensemble de l'ouvrage ; les propos sont clairement extraits d'un discours de paysagiste, non culturaliste, et pas sensible aux notions d'équilibre paysager et de dynamique paysagère propre à un espace donnée.
Bref, pas de discours historique de la longue durée, pas d'approche écologique (hormis celle de l'écologie du paysage développée par Burel et Baudry), peu de fonctionnalisme du paysage et pas de démarche propectives. Voilà les ouvertures qui m'ont manquées.
Le paysagiste ne sert-il qu'à mieux intégrer les lignes à haute tension et à établir un projet de paysage pour un quartier péri-urbain nouveau ?

Malgré cette critique, l'ouvrage deviendra vite un fondamental, presque un manuel (à mon humble avis) sur ce que le paysage nous apprend sur nous-même et sur notre façon de le considérer. C'est là son véritable apport, et ce n'est pas une qualité mince.
Donc, un livre à lire et à posséder dans sa bibliothèque... pour un tout petit prix (9 € maxi).

L'ouvrage est publié dans la collection "géographie 128" chez Armand Colin.

Pour conclure, un extrait de "Les paysages de l'identité" de Di Méo, Sauvaître et Soufflet (2004) reprit par P. Donadieu et M. Périgord qui montre bien la démarche dans laquelle s'inscrivent les auteurs :
"...les paysages constituent des valeurs symboliques, résolument identitaires, du rapport des hommes et de leurs groupes aux territoires qu'ils s'approprient et qu'ils vivent. L'identité ainsi produite fait l'objet de multiples manipulations idéologiques et politiques qui créent souvent de l'exclusion sociale."

Ci-dessous : Michel Périgord à gauche - - - Pierre Donadieu à droite

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