vendredi 20 août 2010

Espace rural à la loupe

Le titre de mon post est emprunté à l'ouvrage édité il y a quelques mois par les Presses Universitaires François Rabelais de l'Université de Tours.
Il s'agit de la thèse soutenue en 2007 par Nicolas POIRIER avec un nouveau titre pour son édition :
Un espace rural à la loupe : paysage, peuplement et territoires en Berry de la Préhistoire à nos jours.


Le titre original de la thèse était : Un espace rural en Berry dans la longue durée : expérience de micro-analyse des dynamiques spatio-temporelles du paysage et du peuplement dans la région de Sancergues (Cher).

L'étude est centrée sur un espace assez limité couvrant la surface des trois communes de Sancergues, Charentonnay et Saint-Martin-des-Champs, toutes trois dans le département du Cher à un jet de pierre de La Charité-sur-Loire. Ce cadre très local est bien souvent dépassé pour collecter une information pertinente, par exemple en matière de réseau viaire ou de contexte historique et archéologique.

Le travail est bien structuré (comme la thèse dont il est issu) et permet une bonne compréhension de la démarche. De très nombreuses sources sont exploitées, et les connaissances, en particuliers historiques, mobilisées forment un ensemble qui permet réellement de interroger sur la géographie de ces trois communes.

Mais de quoi parle Nicolas Poirier.

De territoire ?
Avant tout de planimétrie. On assiste à une large démonstration d'archéogéographie (qui ne dit pas son nom). Elle est heureusement enrichie par diverses sources dont des analyses physico-chimiques attestant des pratiques agricoles plus ou moins anciennes. Mais ce collectage ne cherche pas à mettre en évidence des points ou des éléments de structuration fort. Il vise à lire, à partir des éléments forts attestés du territoire, leur rôle, leur impact dans l'environnement. Avec cette démarche, peu de chance de mettre en évidence de véritable axes ou pôles de structuration de l'espace qui ne soient déjà connus.

De paysage ?
Sûrement pas ! Même si la présence de la végétation est réelle dans les sources historiques, il est surtout question d'occupation du sol et d'exploitation des ressources végétales disponibles. Le modelé du sol est bien peu évoqué, pas plus que les notions de dynamique des végétations ou de phytosociologie. Et les seuls usages semblent être agricoles. C'est là un problème récurent en archéologie du paysage qui prétend trop souvent parler de paysage sans définir ce dernier.

De peuplement ?
C'est le propre d'une démarche archéologique. Le peuplement et son impact sur l'espace environnant sont bien au coeur de cette étude. Les questions, et les réponses, posées sur l'impact de ces peuplements, allant jusqu'à définir un indice de l'intensité de l'occupation sont tout à fait pertinentes et méritent d'être approfondies.

Je suis donc sorti de cette lecture satisfait sur sa clarté mais un peu frustré sur ces réponses et certains points de méthodes ... même si les objectifs poursuivis semblent bien identiques au mien.
Un réel souci de compréhension de la dynamique des espaces et des paysages qu'ils portent reste au centre, parfois dissimulé, de nos recherches, et de celles de Nicolas Poirier en particulier. Et une volonté de participer à la construction de nos paysages de demain est toujours présente dans les envies scientifiques de la population des historiens et archéologues de paysages à laquelle j'appartiens.

Une lecture pour finir vos vacances ?

POIRIER Nicolas (2010) : Un espace rural à la loupe : paysage, peuplement et territoires en Berry de la Préhistoire à nos jours. Presses UniversitairesFrançois Rabelais de Tours, 232 p., 30 €.



Je ne vais pas manquer de vous en proposer d'autres pour pour le reprise.

2 commentaires:

je hais les cookies a dit…

y parle-t-on des "traines " du Berry, decrites par George Sand ?

Les traînes du Berry

Rien ne saurait exprimer la fraîcheur et la grâce de ces petites allées sinueuses qui s’en vont serpentant capricieusement sous leurs perpétuels berceaux de feuillage, découvrant à chaque détour une nouvelle profondeur plus mystérieuse et plus verte. Quand le soleil de midi embrase, jusqu’à la tige, l’herbe profonde et serrée des prairies, quand les insectes bruissent avec force et que la caille glousse avec amour dans les sillons, la fraîcheur et le silence semblent se réfugier dans les traînes. Vous y pouvez marcher une heure sans entendre d’autre bruit que le vol d’un merle effarouché à votre approche, ou le saut d’une petite grenouille verte et brillante comme ne émeraude, qui dormait dans son hamac de joncs entrelacés.

George Sand (Valentine)

Swingphil a dit…

Je transmets cette demande à l'auteur de l'ouvrage. Georges Sand fait partie des auteur(e)s expert en description sensible du paysage. Avec les mots, on peut sentir les odeurs, entendre les bruits... ... nostalgie !