jeudi 30 octobre 2008

Silence n'est pas absence

Depuis quelques temps, le temps me manque pour ajouter quelques messages plus ou moins bien réfléchis sur ce blog. Résultat : une impression d'absence pour le lecteur, qu'il soit régulier ou simplement de passage.
Et pourtant ce ne sont pas les sujets qui manquent : colloque à Caen, éoliennes off-shore, livre "clos masure et paysage cauchois", comité scientifique du PNR Boucle de la Seine-Normande, appel à candidature pour la réalisation de l'atlas des paysages de Haute-Normandie, ... et j'en passe.
Le fonctionnement très impulsif (voire compulsif) pour écrire des messages faisait que le rythme d'un message tous les jours ou presque durant une semaine était suivi d'une semaine sans message !!!
Ainsi, une certaine régularité va devenir de mise. Un peu à l'image du blog de Michel Lerond qui pulie une note tous les mardi, vous retrouverez ici, à partir du mois prochain une note en début de chaque semaine et une autre à la fin de la semaine.

Pour aujourd'hui, un tout petit mot de paysage jardiné urbain.

Avez-vous vu les chrysanthèmes ?
C'est de saison, me direz-vous. Les jardiniers de la ville de Rouen ont composé de nombreux massifs avec ces plantes en les agrémentant de batonnets. Immense plateau fleuri devant Saint Maclou, plates-bandes serpentant rue Saint Sever ... Il n'y a pas que des chrysanthèmes mais l'ensemble est dans la tradition des plantations de saison. Mais pourquoi donc les batonnets ont-ils été peints dans un bleu qui me fait penser au Bleu-Agglo ?

mercredi 15 octobre 2008

Il y a des "gens" dans le paysage

Ce titre est une réponse à la très belle exposition présentée par Eric Bénard, en ce moment et jusqu'au 30 novembre, à Conches-en-Ouche dans le cadre de la 3° biennale de photographie.

Cette biennale qui a pour thème "Fleuve, transport et communication" est en train de devenir un rendez-vous incontournable de la photographie (ce n'est pas encore Arles mais ça viendra !).

Eric a photographier les "gens de Seine", comme il aurait pu le faire avec des "gens de scène". Il les a pris, il les a mis en situation. Sur la photo, ces gens sont dans leur environnement de travail ou de pratique. Ils sont donc insérés dans le paysage. Même si l'arrière-plan est flou (volontairement bien entendu), il est particulièrement présent. Chaque personnage est accompagné d'un petit texte qui explique un peu de ses relations aux fleuves, de ses joies, ses difficultés, ses questions.

En fait, cette petite exposition est issue d'un livre édité par "Les cahiers du temps" et regroupe 40 clichés avec chacun un caractère spécifique. L'ensemble est préfacé par Olivier Sirost, sociologue et grand connaisseur du fleuve pour en avoir fait l'un de ses axes de recherche. Un ouvrage qui invite à la rencontre de personnalité dont les actions, parfois fort discrètes, façonnent l'identité actuelle de la vallée de la Seine.


Pour découvrir le travail d'Eric Bénard, allez découvrir son site : www.éricbénard.com
Son book en ligne est impressionnant de qualité et de diversité.

mardi 14 octobre 2008

Coup de gueule : CIMADE

Peut-être connaissez vous la CIMADE (Comité intermouvements auprès des évacués).
C'est le seul organisme, association humanitaire, qui intervient pour l'accueil et l'aide aux étrangers en situation précaire, et autorisé à intervenir en visitant les "centres de rétention administratives", comme sont nommés hypocritement ces prisons d'un nouveau genre.
Du moins, c'était vrai jusqu'à présent...

Par un décret du 23 août 2008 et la publication le 28 de l’appel d’offres relatif au marché public de la mission d’«information, en vue de l’exercice de leurs droits, des étrangers maintenus dans les centres de rétention administrative», le ministère de l’Immigration vient de modifier profondément les conditions d’exercice des droits des étrangers en rétention administrative.

L’existence même d’une mission associative d’aide juridique en rétention, menée par la Cimade depuis 1984, est mise en cause. Le gouvernement poursuit une logique d’enfermement et de réduction des droits des migrants, de plus en plus traités comme des indésirables, il impose le silence à ceux qui les défendent et prive d’informations les citoyens qui pourraient s’en indigner.

Avant d’envisager les réactions nécessaires avec ses partenaires, la Cimade attire l’attention et souhaite que chacun prenne conscience de la gravité pour les étrangers comme pour l’ensemble des citoyens de ces orientations plus qu'inquiétantes (extrait du site de la Cimade).

...

La Cimade est déterminée à poursuivre son action de défense des étrangers placés en rétention, mais elle refuse le morcellement de la mission en lots éclatés attribués à des prestataires de service.

Réunie en Assemblée générale extraordinaire le samedi 4 octobre, la Cimade a réitéré sa volonté de poursuivre son action au service des migrants.

L'Assemblée générale a donné mandat au Conseil de rechercher avec des associations et organisations non gouvernementales, les conditions permettant la mise en oeuvre d'une mission nationale cohérente assumée conjointement.

En conséquence, la Cimade demande au ministre de l'Immigration de modifier le dispositif prévu par le décret et l'appel d'offres publiés fin août.

(Communiqué de la CIMADE du 04/10/2008)

Une pétition a été mise en ligne pour signifier que "les droits des étrangers ne peuvent se réduire à un marché". Allez donc la signer si vous en êtes d'accord.

Que mon pays puisse prendre de telles décisions me fait me sentir étranger en France.

jeudi 9 octobre 2008

Des bois dont on fit la Normandie

Tel est le titre du 43°congrès des Sociétés Historiques et Archéologiques de Normandie qui se tient du 16 au 18 octobre à Sées dans l'Orne. Ces trois journées seront bien remplies avec des thématiques chaque jour différentes.
La première journée (16/10) sera consacrée à l'exploitation forestière. Les forêts du domfrontais aux XIV°-XV°, celle de Gouffern à la fin du Moyen-âge, les lisières boisées du domaine de Gouberville (Nord Cotentin), la forêt d'Andaine et du Mont d'Hert et du pays ornais offriront les sujets des communications.
Le vendredi 17 octobre évoquera "les usages et mauvais usages de la forêt". Il sera question de villégiature des Plantagenêts, des potiers de Martincamp, des bois de l'arsenal du Havre au XVIII°, de la délinquance forestière et de la forêt durant l'occupation.
Samedi 18 octobre, la matinée permettra de parler des "coutumiers" des forêts de Normandie, des droits d'usage et de l'inventaire forestier national.
Emmanuel Garnier (maître de conférence d'histoire moderne à l'université de Caen) proposera une conférence sur "les tempêtes du siècle : les écosystèmes forestiers normands à l'épreuve des vents (XVI° - XX° siècles)".

Pour ma part, je n'aurais pas l'occasion de me rendre à ce congrès cette année, et mon plus vif regret sera sans doute de manquer une excursion sous la conduite d'E. Garnier et Lionel Huchette (technicien ONF) en forêt de Bellême, sans doute l'une des plus belles de la région.

Pour trouver quelques informations supplémentaires, vous pouvez aller faire une tour sur le site de la librairie rouennaise "l'écho des vagues" qui diffuse régulièrement des informations sur l'activité scientifiques et historiques de la région normande.

Energie solaire et patrimoine

Le Ministère de la Culture se met à l'énergie solaire.
Plus exactement, une journée d'échange aura lieu le 6 novembre à la Direction de l'Architecture et du Patrimoine afin de voir comment la construction peut être à la fois écologique et respectueuse du patrimoine historique ou paysager. Hormis une introduction très institutionnelle de Michel Clément, le Directeur du Patrimoine, et une présentation tout autant institutionnelle sur le cadre d'action de l'ADEME, la journée présente quelques éléments intéressants.
Sege et Lipa Goldstein présenteront le groupe scolaire "zéro énergie" de Limeil-Brevannes. La Direction Régionale des Affaires Culturelles de Rhône-Alpes présentera ses actions en partenariat.
L'intervention de la fin de journée sera celle du directeur-adjoint du Parc Naturel Régional du Lubéron où les exigences environnementales et patrimoniales fortes obligent à un cadrage très précis sur les constructions souhaitant utiliser l'énergie solaire.

De belles exigences, certes ; demander au particulier de savoir s'accommoder de toutes les règlementations pour le bien de la planète pourrait être accompagner d'une plus grande disposition du Ministère de la Culture.

Et si on commençait par balayer devant sa porte. Ce même ministère organise des stages pour son personnel pour amener ses services à un comportement plus écologique. L'acquisition de fournitures est envisagé comme devant passer par des filières plus propres : matériaux recyclés, produits fabriqués selon des principes respectueux de l'environnement, ...
Mais, comme chacun le sait, les produits labélisés écolos sont plus couteux. Et les crédits d'achats de fournitures de sont pas particulièrement en hausse.
Les gestionnaires de crédits des services du ministère ont leur réponse. Nous n'allons pas acheté des crayons et du papier 20 à 30 % plus cher avec le même crédit de départ. A moins de faire également diminuer la consommation de ces dit-produits.

Madame la Ministre, si vous commenciez par donner les moyens à vos services de dépenser plus écolos, et si vous réalisiez le bilan écologique de vos bâtiments.

L'Etat est plein de bon principe mais a bien du mal à s'applique à lui même les conseils qu'il délivre à autrui.

vendredi 3 octobre 2008

Savoir vivre pleinement le temps présent

C'est bien l'un des mots de notre temps de vouloir toujours être dans la prospective ou dans le passé.
Mais notre société n'est pas dans n'importe quelle démarche prospective.
Elle aime voir un avenir qui fait peur. Le pus bel exemple est donné par les médias qui sont toujours là pour ne redire les catastrophes prévisibles, naturelles ou économiques, que l'on pourrait éviter ... si on voulait, ou que la nature va nous imposer.
Elle est aussi dans la prospective idéaliste. Celle des missions vers Mars qui vont résoudre nos problèmes énergétiques, celles des immeubles futuristes qui vont créer de nouvelles dimensions sociales au Moyen Orient comme à Paris.
Cette prospective est celle des clichés, des a-priori, du bling-bling (!).

Mais nous vivions aussi, bien souvent dans le passé. Et c'est celui du merveilleux qui surgit dans les superbes émissions de France 3, des grandes découvertes archéologiques qui nous redisent les âges farouches (si, si ceux de Rahan et de ses copains), par les belles dames du temps jadis que nous racontent la presse.
Le passé est aussi celui de la proximité, et cela depuis bien moins longtemps. Ce passé de nos famille et de nos village, petits métiers, gens de peu et vie quotidienne, si chère à Jean-Louis Beaucarnot.

Et entre les deux. Quand faisons nous le lien entre passé et futur ? Les médias nous abreuvent de récits du passé, d'informations sur le présent et parfois de projection vers des lendemains qui ne chante pas toujours ; mais jamais les médias ne prennent le temps de nous expliquer comment la connaissance du passé et les évolutions observées nous on conduit jusqu'à aujourd'hui. Et comment cette connaissance pourra nous aider à préparer l'avenir.
Ce sont alors les plus petits évènements comme les faits les plus marquants de notre monde qui peuvent être essentiels.

Voilà le vrai sens, selon moi, de l'expression vivre le temps présent. Le comprendre dans ce qui le constitue, par ce qui lui permet d'exister. Il ne s'agit pas de regarder derrière soi pour avoir des regrets et des remords mais de construire devant soi avec ce que l'on est et en pleine conscience d'où l'on vient.
Je prend souvent l'exemple des "pas japonais", ces pavés qui nous permettent de traverser les pelouses de jardins. Les pavés sur lesquels j'ai marché, je les prend et les réagence selon une autre organisation, j'y ajoute de nouvelles formes, de nouvelles matières, de nouveaux pavés... et avec cela je fabrique l'avenir.

Et pour savoir dans "quel temps" nous vivons, lisez, ou relisez "L'Esprit du Temps" d'Edgar Morin. C'est sans doute l'un des ouvrages les plus novateurs du XXe siècle.