samedi 24 novembre 2007

Réflexion à partir du travail de Jean-Philippe NUEL

JP Nuel n'est pas paysagiste, il n'est pas historien du paysage, ni artiste du plein air... il est décorateur d'intérieur. Son agence d'architecture et décoration figure parmi les plus importantes.
Lors de l'émission "Des racines et des ailes" de mercredi 21 novembre, l'agence Nuel figurait au programme et son fondateur parmi les principales personnalités suivies par les journalistes.

Jean-Philippe Nuel a réussi à faire entrer le paysage dans une chambre d'hôtel. Ce n'est pas la première fois qu'en plaçant le lit face à la fenêtre sur un paysage significatif, le locataire de la chambre se retrouve en même temps occupant du paysage qu'il observe. Ici, Nuel va plus loi.

LES CHAMBRES ET LES SALLES DE BAIN DIALOGUENT AVEC LE PAYSAGE Le lit se trouve au milieu de l’espace face à la vue, il en est de même pour la salle de bain qui bénéficie également d’une vue directe sur l’extérieur. La chambre et la salle de bain constituent un espace global très lumineux que l’on peut moduler selon son choix par de grands panneaux de verre dépoli. La baignoire comme le lit est au centre des pièces, le plan vasque fait face au paysage, la douche comme une pièce à part entière permet une utilisation à deux personnes. Les couleurs sont toutes en camaïeu pour apporter un sentiment de quiétude et de douceur, la couleur est une ponctuation tonique apportée principalement par des œuvres d’art originales. (texte extrait du site de l'agence Nuel - Jiva Hill Park Hotel - Genève).


Sur la table, placée entre le lit et la fenêtre de la chambre, se trouve un cadre, posé verticalement. Cadre transparent, juste bordé d'un liseré métallique. Depuis le lit, le locataire regarde le paysage avec une limite, comme un tableau ... mais le paysage n'est pas contraint, il s'échappe du cadre.
Alors, donc, le paysage existe hors du cadre, il ne se limite pas à la toile, à l'image, le paysage existe sans sa représentation. Non, le paysage est libre d'être sans contrainte, sans être créer dans sa figuration comme le voulait Alain Roger.

Dans la chambre d'hôtel, le paysage occupe trois dimensions de la pensée. Pour un observateur allongé sur le lit, il est dans le cadre posé sur la table, il se poursuit en-dehors du cadre jusqu'aux limites de la fenêtre, et il est imaginé se dilatant hors du second cadre de la fenêtre pour s'épanouir dans l'espace que le voyageur retrouvera en sortant de l'hôtel. Le paysage est entré dans la chambre d'hôtel. Et en même temps, l'observateur est devenu participant au paysage qui dans sa dimension la plus réduite n'existe que pour lui, que par lui.

Magie de la fabrique pluridismentionnelle du paysage, mystère de la relation de l'objet observé avec l'observant.

Cela m'évoque un "exercice de lecture de paysage" simple que chacun peut facilement tester :
1 - Placer vous devant un grand paysage... ou plus discret...paysage plus quotidien.
2 - Placer vos mains de façon à forme un cadre, un peu comme un petit écran et regarde le paysage par cette lucarne. Décrivez-le mentalement.
3 - Dressez vos deux bras verticalement, coude fléchis, de façon à limiter votre vision latérale et de créer ainsi une fenêtre au cadre plus large. Décrivez à nouveau mentalement ce que vous voyez.
4 - Baissez les bras. Regardez. Voyez-vous le même paysage ?
5 - Tournez la tête de droite et de gauche et prenez conscience de la continuité paysagère.

Quels points communs y a-t-il entre ces paysages plus ou moins fragmentés, si ce n'est l'observateur ? Le paysage est multi-scalaire, il est non-centré, il échappe au contrôle. Il est simplement multiple. Et seul l'homme le fragmente.

2 commentaires:

barfly a dit…

pour répondre à la question que tu as posée sur mon blog, l'artiste s'appele Yves Guérin

Swingphil a dit…

Merci à toi