mercredi 10 juin 2009

Epoustouflant

Qui aurait pu dire que la liste Europe-Ecologie ferait un tel résultat à l'élection au parlement européen du 7 juin ? Même chez les Verts, parti à l'origine et, en quelque sorte, colonne vertébrale de cette liste, la surprise était réelle. Il suffit de voir la tête de Daniel Kohn-Bendit.
L'analyse des résultats pourra prendre de longues semaines, mais je pense qu'on ne saura jamais comment les reports de voix se sont effectués, surtout en tenant compte de cette abstention qui laisse un goût amère à toute victoire. Penser que seulement 4 à 5 personnes sur 10 ont fait leur devoir électoral doit faire relativiser tous les résultats.

Le mariage de la carpe et du lapin ?
Pour les Verts, le défi de taille était de proposer une liste avec des non-Verts ... et ça a marché. Sans doute en partie grâce aux personnalités de premier rang que sont DKB, Eva Joly et José Bové, même si ce dernier a pu empêcher le vote de quelques modérés.
Alors pourquoi cette réussite ? Il faut sans doute en chercher les causes dans une lecture plus sociale de notre petit monde politique.

L'une des principales stratégies de la droite classique en matière de communication et de proposition est de nous dire, et de nous redire, ce qui est dangereux pour la société, ce qu'il ne faut pas faire, énoncer les risques, bref nous proposer du "mieux" en nous expliquant comment éviter du "pire". On pourrait schématiser en évoquant la stratégie de la droite traditionnelle comme une volonté d'étouffer les utopies des populations. La phrase célèbre : "ma liberté s'arrête où commence celle des autres" y trouve son application directe. Plutôt que de chercher à améliorer les libertés des uns et des autres ; les partis de droite définissent les limites, barrières et autres interdictions pour mieux contraindre.

Penser autrement
Europe Ecologie, c'est tout le contraire. L'utopie des écologistes est réelle, la recherche d'une meilleure qualité de vie, d'une augmentation des libertés dans le respect d'autrui, ne pas faire que le droit et la justice se substituent au débat et à la cordialité ... oui, l'idéologie verte est profondément utopiste. Mais elle est aussi tout à fait pragmatique. Le dépliant distribué durant la campagne des européenne contient de nombreuses propositions qui sont déclinables au niveau plus local, et qui seront sans doute développées lors des débats plus locaux qui s'annoncent.
Le succès de la liste Europe Ecologie n'est certainement pas dans la diffusion du film Home (pour lequel de nombreux écolos restent au minimum réservés à propos de l'origine des financements), il est dans cette démarche utopique et pragmatique à la fois, qui fait envisager la politique comme le "domaine des possibles" et de l'ambition collective.

Dernier élément, les positions intellectuelles des Verts et des non-Verts de la liste Europe Ecologie revendiquaient l'intelligence de savoir travailler ensemble, même avec des désaccords. Europe Ecologie s'appuie sur la qualité de la démocratie participative, l'un des piliers de l'écologie politique. Rappelons que la démocratie participative a fait son entrée dans les outils européens avec le Traité portant une Constitution européenne, dans son article I-47, et que Barack Obama s'inspire du sociologue Saul Alinsky qui prône la participation.


Des idées qui prennent corps
L'originalité du mouvement en cours, c'est bien qu'il y a une réelle réflexion et analyse sociale collective dont de nombreuses contributions peuvent être découvertes sur le site et dans la revue Cosmopolitiques, que je vous invite à découvrir.

Profitez-en pour lire ou relire Isabelle Stengers, et aller faire un tour chez "les empêcheurs de penser en rond", notre pensée collective a beaucoup à y gagner.

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