jeudi 12 février 2009

Un Plan de relance ?

Vous avez sans doute entendu parler de cette loi aux très nombreux articles dite "plan de relance" ou "Loi Devedjian". Parmi les propositions qui ont été validées par les parlementaires, il y en a de très nombreux qui concernent l'aménagement du territoire et donc la gestion des paysages.
Tout est fait, selon cette loi, pour faciliter certains pans de notre économie qui sont en grande difficulté comme l'automobile ou la construction. Il semble bien que la loi comporte cependant de très nombreux effets pervers. Et que penser des 1000 projets tant vantés sur le site gouvernemental ?

J'en veux pour seul exemple celui du patrimoine.
La relance d'un programme de travaux sur les monuments historiques (MH) vise à de grands chantiers sur des sites prestigieux. La liste est édifiante. N'attendez pas d'y trouver l'église de votre village. Il ne s'agit que de travaux que l'Etat avait retardé depuis des années (voire décennies) mais tout était déjà programmé. Qui va bénéficier de ces travaux ? Un peu tout le monde pour le plaisir de l'oeil mais financièrement ce sont surtout les grands noms des MH et du BTP qui vont faire leurs choux gras, ainsi que les Architectes en Chef des Monuments Historiques pour qui les honoraires vont pleuvoir. Pour la relance de l'entreprenariat local, il faudra encore attendre.
L'exemple de l'archéologie préventive est aussi intéressant. La petite loi qui la concerne a mis en place des nouveaux délais, plus stricts, dans les procédures administratives liées aux opérations de fouilles préventives (diagnostic ou fouille). Si les délais ne sont pas respectés par l'opérateur en archéologie (dont le budget et les moyens d'intervention dépendent grandement de l'Etat), alors les prescriptions obligeant la réalisation de fouille tomberont d'elles-même et les projets de construction (lotissements, routes, zones d'activités ...) pourront se réaliser ... en détruisant légalement les vestiges archéologiques. Évidemment, la présence des archéologues pourrait retardé l'efficacité du plan de relance.
Quand je vous disait qu'il y avait des effets pervers.

Je vous invite, chacun dans vos domaines de compétences à lire les propositions ou lois figurant sur le site avec un esprit critique. Bien sur, certaines propositions sont réellement intéressantes, comme la lutte contre l'habitat indigne, l'aide à l'hébergement d'urgence ou le soutien aux micro-entreprises. Mais il y a peut-être des effets induits encore non mesurés.

Et pour nous, en Normandie ? Pas grand chose; seuls quelques grands chantiers (déjà engagés d'ailleurs pour certains) comme les nouveaux quais du port du Havre ou la restauration de la cathédrale de Rouen. Mais pas de soutien au plan de rénovation urbaine rouennais ou havrais, un petit chantier sur le transport ferroviaire à Serqueux, et aucune concertation pour le développement de la construction qui va ainsi pouvoir poursuivre de façon sauvage sa consommation d'espace en périphérie urbain.

Et l'EPR qui sera construit à Penly, si les normands (les citoyens pas les politiques) ne se mobilisent pas pour l'empêcher, il participera sans doute à sa façon à la relance. Mais ce sera court et les lotissements ne manqueront pas de se développer dans le Petit Caux. Je vous invite d'ailleurs à parcourir quelques textes écrits à ce propos, pro et anti: C. Taleb, communiqué des Verts de Rouen, les anti-nuc diéppois, S. Jumel (maire de Dieppe), J. Bazin, S. Taleb-Tranchard.

Combien de temps faudra-t-il attendre pour que le monde politique entende la complexité de l'espace et des paysages qui composent notre territoire ? Du Grenelle de l'Environnement, ils n'auront retenu que les composantes facilement valorisables et se seront copieusement assis sur toutes nécessité de discussion, de débat, de démarche participative. L'exemple de l'EPR n'en est que le plus grossier.

2 commentaires:

laure leforestier a dit…

J'ai la même analyse que vous et la même tristesse en ce qui concerne cette soi-disante "relance" des chantiers du patrimoine.
L'EPR comme exemple le plus grossier de l'indigence et de la courte vue des politiques, oui, c'est affligeant.
Ce sera aux citoyens de réagir car je ne les crois pas tous si unanimes comme ces élus locaux qui attendent aussi la manne de la taxe professionnelle, remise en question, ça on ne sait plus trop, on a du mal à suivre avec toutes les gesticulations du président. Mais il serait intéressant de se pencher sur l'influence (jusqu'alors) de la taxe professionnelle sur l'aménagement du teritoire.

Swingphil a dit…

Le problème de la TP, c'est le flou (pas artistique) dans lequel elle se trouve. Savons-nous encore à quoi elle sert ? Si elle ne disparait pas, elle restera l'un des meilleurs soutien au bétonnage des campagnes, à la péri-urbanisation galopante, à la création de friches industrielles. Il y a quelques temps, j'avais cartographier les zones d'activité dans le pays de caux en relation avec les voiries importantes. Il y avait plus de parcelles aménagées et no occupées que de parcelles attribuées à des entreprises, d'où un bétonnage stupide et irréfléchi. Et la TPU n'a rien changé.