mardi 11 novembre 2008

Politique sociale, urbanisme et paysage

Ou : parfois, les stratégies d'urbanisme de nos communes frôlent le grand n'importe quoi.

Et pour Barentin, ce n'est pas une première.
Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) avait fait l'objet d'une présentation au public lors d'une réunion en avril 2006. La carte qui est visible sur le document (encore téléchargeable sur le site de la commune à cette page) montre une répartition entre les zones urbanisées et l'espace agricole. En observant attentivement cette carte, chacun peut constater que certaines parcelles ne font partie d'aucune des deux catégories. On peut le comprendre pour les espaces ferroviaires, parcs ou quelques enclaves de dimensions réduites. C'est bien moins compréhensible pour une surface de plusieurs dizaines d'hectares en jonction avec Pavilly, sur le rebord de plateau ouest dominant la vallée de l'Austreberthe.


Pour ceux qui n'étaient pas dans le débat communal, la réponse à ce vide est peut-être intercommunal. La communauté de communes Caux-Austreberthe vient d'engager les travaux d'une aire de stationnement pour les gens du voyage, remplissant alors une obligation légale qu'elle avait jusqu'à présent repoussée.
Là où sa situation devient étrange c'est que cet emplacement est (comme souvent pour ces aires) loin de tout, et en particulier des services municipaux et des commerces, au-dessus de la voie ferré, accessible dans le virage d'une route très fréquentée. Mais le comble paysager (car il faut bien en venir là), c'est la position topographique du site : en sommet de coteau. A croire que c'est pour mieux surveiller ce qui pourrait s'y passer.
Barentin est l'exemple même de la consommation d'espace dans un développement inconsidéré.
Après avoir laissé défigurer le rebord de plateau Est au sud du vallon de Pissy-Poville avec les zones commerciales et l'urbanisation pavillonnaire galopante, au nord du vallon de Pissy-Poville avec des pavillons plus anciens, puis plus récemment en hauteur du côté Ouest avec de vastes lotissement autour de la société Gardy, ce sont maintenant les derniers points de grande visibilité depuis l'autre versant de la vallée qui sont aménagés avec ces aires des gens du voyage.

L'aire de stationnement est de plus d'une efficacité déjà plus que douteuse puisqu'il est avéré (expérience à la clé) que les gens du voyage apprécient peu ces aires bétonnées avec fil à linge imposé et sanitaires aseptisés. Très vite, ce type d'installation est abandonnée. Pour l'usage, il faudra donc voir ... à l'usage.
Le principal semble bien pour Caux-Austreberthe de s'acquitter de l'obligation de l'existence de cette aire intercommunale, qu'elle soit fonctionnelle ou non, qu'elle soit implanté à un endroit intégré dans le paysage ou non, qu'elle soit adaptée au gens du voyage ou non.



Barentin est aujourd'hui un véritable exemple de petite ville qui a d'abord subi l'industrialisation du XIXe siècle, puis l'urbanisation du XXe, et aujourd'hui une non-gestion de l'esapce au XXIe. Alors qu'au même moment, Dieppe rejette des projets de lotissements pour trop faible densification et surconsommation d'espace urbanisable devenu rare, d'autres communes comme Barentin dilapident leur capital espace.

Comme le dit déjà la présentation du PLU de Barentin : "un milieu environnemental de faible valeur patrimoniale (écologie) mais des éléments forts du paysage". mais il est à craindre que ces éléments seront bientôt noyés dans l'urbanisation.


Heureusement, il reste à Barentin son état de ville-musée de statues à ciel ouvert.

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