dimanche 27 avril 2008

En 1724, le regard paysager

Rares sont les exemples aussi parlant que celui-ci.

Le plan figuratif du chemin de Versailles à Fontainebleau, pour servir au voyage du roi, réalisé par Daudet, ingénieur-géographe du Roi en 1724 est conservé au Archives Départementales des Yvelines, avec la cote A 242.
de part et d'autre du trajet que le roi doit suivre de nombreux éléments paysagers : haies, Mis à part l'esthétique du document, en couleurs, il présentemares, voies traversant le tracé ...


Ces éléments sont tous des témoins visuels, éléments de repérage, car c'est par le paysage vu sur le parcours que celui-ci se caractérise. Les éléments reportés servent donc simplement à ne pas se perdre.



L'une des preuves est donnée par un court texte entre Ponthierry et Pringy. Alors que l'ancien chemin poursuit son axe vers le sud en suivant la Seine (le plan est établi avec le Nord en bas) il est indiqué : "Endroit où l'on perd de vue la rivière".











Avec cette indication, et en parcourant le plan, il semble bien que le document a été établi à partir de la route sans tenir vraiment compte des distances. Les bois sont seulement indiqués par la lisière qui est visible depuis la route, de même pour les groupes de bâtiments un peu éloignés.


Cerise sur le gâteau : en haut du plan sont reproduites des sentences tirées de l'écriture Sainte pour inspirer la piété du voyageur. Elles sont divisées en "sentences sur la gauche" et "sentences sur la droite". Le lien avec ce qui est observé, le paysage traversé est là encore important.

Point de repérage supplémentaire, le campement du régiment de Quercy est porté sur le plan entre Chatillon et Juvisy près de la confluence de l'Orge et de la Seine. On apprend par un texte spécial que c'est le-dit régiment qui "travaille au nouveau chemin" à l'endroit "où l'on adoucit la descente".

Aujourd'hui, le secteur concerné par ce plan est méconnaissable car presque tous les espaces ont été bâtis.


Ce document n'est cependant pas unique. il suffit de penser aux nombreuses planches composant l'atlas "dit de Trudaine" conservé aux Archives Nationales et qui représente le tracé des routes nouvelles à créer ou à aménager entre 1745 et 1780. Une partie a été numérisée mais nombreuses sont encore à l'état de notices. Patience. Mais ce type de sources nous en apprend beaucoup sur le paysage du XVIIIe siècle.

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