Quelles sciences pour quel paysage ?
La question mérite d'être posée.
Le paysage est un objet d'étude complexe mais il est également un lieu d'action, d'agissement.
En fait, le paysage est une sorte de "machin" bien difficile à définir où chaque discipline professionnelle qui s'y intéresse voit un objet différent. C'est donc un objet à bord flou comme dirait Bruno Latour.
Paysage fait penser à paysagiste. Mais le support sur lequel agit le paysagiste existe d'abord par deux disciplines précises : la géographie et l'histoire. La géographie va s'enrichir au contact de la géologie pour avoir un support sur lequel poser ses cartes. L'histoire va chercher des données en archéologie, en archivistique, en droit ancien.
L'éthonologue va voir les usages qui sont pratiqués dans ce paysage et chercher à comprendre leurs origines grâce aux données de l'histoire et de la géographie. Le sociologue verra les acteurs du paysage et leur maitrise des usages.
Le botaniste pourra inventorier la flore et l'écologue comprendra le fonctionnement des communautés végétales.
Le regard du paysagiste sera celui du projet. Il devra alors intégrer toutes les données (et j'en ai volontairement passées sous silence) pour les faire siennes, les composer, les imaginer dans de nouvelles relations, avec de nouveaux acteurs ou dans de nouveaux usages. Ou bien simplement, il veillera au respect des usages et aspects anciens.
Comprendre cette démarche interdisciplinaire en paysage est pour le paysagiste une garantie de qualité et de rigueur, mais également une grande difficulté car sa liberté de création pourrait sembler moins grande.
En effet, la politique de la "table rase" pour construire un nouveau paysage (à l'image de l'action urbanistique) est plus difficile si on connait l'origine de la table et de ses ornements.
Mais la liberté du paysagiste est justement de savoir composer entre cette surface, ce modelé, ce passé, ce pays ... afin de construire de nouvelles perceptions.
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