dimanche 27 mai 2007

Lire le Paysage - 1

Lorsque quelqu'un de mes relation apprend que je m'interroge à propos du paysage, de son sens, de son histoire, de son utilité sociale... et j'en passe ; l'une des premières questions qu'il me pose est : Comment fait-on pour comprendre un paysage ?
Et invariablement, ma réponse est la même. Comprendre un paysage veut dire : savoir comment il fonctionne. et un paysage ne fonctionne que si il a une histoire, un présent et un avenir. On pourrait aussi dire que pour comprendre un paysage (grand ou petit) il faut :
1 - savoir d'où il vient et donc comment il a été construit, transformé, habité... et par qui.
2 - le regarder vivre et fonctionner aujourd'hui avec ses acteurs, ses organisateurs, et sans les absents qui pourraient le faire vivre autrement.
3 - espérer son devenir dans une démarche prospective, et donc forcément sur des bases de réflexion "scientifiques" avec des scénarios intégrant données végétales, faunistiques, humaines et artistiques.
Oui, j'ai bien dit "artistiques" car le paysage n'est pas que ce que l'on regarde et dans lequel vivent plantes, hommes et animaux. Il est aussi un espace de création, quelle soit controlée, programmée, ou spontanée, auto-organisée.

Comprendre le paysage, c'est aussi trouver sa propre place sur le fil du temps de l'espace concerné, dans son évolution, sa dynamique. Oui, le paysage est avant tout Dynamique.
Et quel dommage de voir la sensibilisation au paysage(s) en milieu scolaire réduit à ceci :
1/ observer et décrire
2/ analyser et confronter
3/ synthèse.
Cette démarche, très géographique (normal car elle prend place dans le cours de géographie) est très restrictive et ne laisse pas le champ de l'imaginaire pour l'élève. Comment pourrait-il un jour devenir paysagiste, ou simplement jardinier ?
Il faut alors l'intervention d'un enseignant très motivé, et faisant preuve d'une grande sensibilité paysagère pour dépasser le stade de l'analyse superficielle.
Comment trouver le bon chemin entre Pays et Paysage, Lecture sensible et Artialisation, Intérêt patrimonial et Patrimonialisation figée, Lire le paysage et Vivre le paysage.

Autant de discipline, autant de démarche qui demandent à être associées pour participer à la compréhension des dynamiques paysagères : sciences dures, sciences de la vie et de la terre, sciences de l'homme et de la société... toutes ont leur place dans notre compréhension de ce paysage que l'on ne fait pas regarder.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est intriguant, je n'ai jamais pensé aux paysages comme celà....j'aime la nature, ce n'est pas un secrète et j'aime la regarder, toucher, sentir etc..mais la lire? bon idéé, je vais essayer de faire comme tu l'indiques!

Swingphil a dit…

Merci Zara,
N'hésites pas à revenir faire part de tes expériences de regard-paysagiste ;-)

Anonyme a dit…

En complément du com' précédent: vouloir à tout prix lire le paysage peut finir par être contradictoire avec le vivre. A trop vouloir tout comprendre... on se risque à beaucoup d'erreurs (ce n'est pas pour rien que j'ai quitté le domaine professionnel du paysage, moi !)

Swingphil a dit…

paysageman : et oui, n'étant pas moi-même paysagiste, j'étais peut-être vu assez vite la contradiction entre ce Lire et le Vivre, en particulier lorsque l'on cherche à avoir une démarche participative.

François le jardinier de Marandon a dit…

enseignant la géographie, je rejoins votre approche et suis d'accord avec l'aspect hautement subjectif de l'analyse paysagère. Dans un paysage il y a d'abord le regard d'un homme sur un territoire aménagé, ce regard peut se doubler d'une démarche esthétisante, d'émotions qu'il ne faut évacuer mais comprendre.
pour en savoir plus sur mon approche :
avec des étudiants :
http://geofac.over-blog.com/
avec des lycéens :
http://hgeofm.over-blog.com/#
avec des amateurs de jardins et de paysages :
http://ahahh.blog.lemonde.fr/
ex : http://ahahh.blog.lemonde.fr/2007/04/14/cairn-au-cap-noir-capineru/

Bonne visite et bravo pour ce site que je place en lien sur mes blogs.