mercredi 4 juin 2014

Des réalités .... suite

Pour faire suite à mon message d'hier, je vous signale la journée organisée par Sciences Po (Institut du Développement Durable et des relations internationales - IDDRI) le vendredi 13 juin prochain. Cette conférence se place dans le cadre du programme de la Fondation d'entreprise Hermes.
Le thème de cette journée est
"L'innovation au secours de la biodiversité ?"
Toutes les informations sont sur cette page : http://www.iddri.org/Projets/Seminaire-Iddri-Fondation-d-entreprise-Hermes/L-innovation-au-secours-de-la-biodiversite

Alors que les deux sessions de travail ne semblent pas trop spécialisées ni polémiques (innovation et gestion des écosystèmes - restaurations écologiques), la table ronde du milieu de journée sera sans doute plus délicate et passionnante : Innovation en agriculture, quels effets sur la conservation de la biodiversité ?

En lisant le papier de présentation de cette conférence, on peut trouver le positionnement quasi schizophrène qui m'interroge depuis de nombreuses années : Quelles innovations amélioreraient notre capacité à restaurer
des écosystèmes de plus en plus complexes ? Dans quelle mesure les innovations risquent-elles au contraire de mener à l’artificialisation des écosystèmes ?
Cette double question montre que la réflexion de certaines sciences sociales (anthropologie, et en particulier des sciences historiques n'a encore que modérément pénétrée ce milieu. En effet, les écosystèmes sont de plus en plus complexes pour deux raisons majeures.
Tout d'abord par la capacité de lecture et d’analyse des sciences, qui en comprenant mieux les interactions entre les éléments composant les systèmes, met en évidence la complexité. Depuis que les systémiciens nous ont fait comprendre que LE système est plus que la simple somme des éléments qui le composent, la notion même de complexité est synonyme de richesse et non plus de difficulté à comprendre.
Mais également, les écosystèmes sont devenus plus complexes par l'apparition d'interactions avec l'homme inexistantes auparavant. Le processus d'anthropisation des écosystèmes les a rendu plus complexes.
Les innovations sont forcément des créations humaines, des gestes anthropiques, et en cela elles artificialisent de fait les écosystèmes en les soumettant à une contrainte ou à un forçage (qui peut leur être favorable). La seconde question n'en ait donc pas une. Une affirmation aurait été aussi simple car la réponse est dans la question. Les innovations mènent à une artificialisation des systèmes.
L'envie de nature à tout prix, des chercheurs en sciences de l'environnement et de la biodiversité, leur fait oublier qu'ils agissent déjà sur des écosystèmes fortement anthropisés. C'est la notion de service écologique rendu qu'il faut ici réintroduire. Elle permet de quantifier et/ou de qualifier l'état d'un espace réduit, d'un territoire, d'une espèce ou d'un écosystème en laissant de côté l'aspect "niveau d'anthropisation". Les productions de nutriments, de bien-être, d'espace non minéralisé, de filtrage de l'eau, de lieux de stockage, de capacité reproductive, et bien d'autres ... sont les critères sur lesquels on peut alors réfléchir. Car la seule façon de faire de l'écologie de façon responsable, c'est de reconsidérer l'homme comme un élément comme un autre du système. Le placer en dehors amène toujours à penser que les systèmes "naturels" sont à son service. Alors que les populations humaines bénéficient des services écologiques rendus par les écosystèmes comme toutes les autres populations vivantes, à la surface de la terre ... avec le terrifiant pouvoir de les détruire. Mais là, c'est un autre débat.

Mais saluons la réalisation de cette journée qui devrait de toute évidence apporter des éléments de réflexion utiles.

Cette journée de présentation se tiendra, Quai Mauriac (Bibliothèque nationale de France). La vidéo devrait être prochainement disponible sur le site de l'IDDRI.

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