samedi 30 janvier 2010

Quand le géographe devient géohistorien

C'est le cas de Christian Grataloup.


(remise d'un prix au Festival de Géographie de Saint-Dié)

Ce professeur de l'université Paris VII fait partie des géographes qui sont réellement en train de renouveler la pensée au sein de cette discipline. L'article qui lui était consacré en octobre dernier dans Sciences & Avenir décrit bien son évolution personnelle. L'Homme n'occupe pas la place centrale dans le débat, il est avant tout replacé dans l'écoumène, cher à Augustin Berque (Ecoumene, Introduction à l'étude des milieux humains, 2001, Belin).
La mise en relation de l'homme et de son milieu, inscrit dans la longue durée, voilà comment pourrait se résumer en quelques mots la ligne directrice de la géohistoire. Il faut ajouter à celà une notion d'échelle.
L'histoire des territoires, de leurs aménagements, l'archéogéographie, la géographie historique, et bien d'autres termes encore, sont des disciplines proches, avec des zones de recouvrement diciplinaires, des façons de réfléchir qui sont les éléments structurant des sciences de l'espace et du temps associés. On pourrait suggérer que ces diverses compréhensions sont les constitutantes de l'épistèmé de l'hypermodernité proposé par Michel Foucault dans "L'Archéologie du savoir".

Christian Grataloup s'inscrit manifestement dans cette filiation, celle de Fernand Braudel, mais aussi celle de l'Ecole des Annales et de la Nouvelle Histoire. Les temps ayant évolués depuis lors, son sujet d'étude tourne bien souvent autour de la mondialisation.
Il s'inscrit dans une tout autre compréhension du monde que Samuel Huntington, l'auteur du célèbre "Choc des Civilisations", essai mais aussi modèle conceptuel de la réorganisation du monde d'après l'effondrement du bloc soviétique.


Pour Grataloup, il faut intégrer de façon plus complète les données historiques et raisonner autrement qu'en terme de conflit. Le Monde doit plutôt être décrit au pluriel, dans cette logique d'économie-monde braudelienne, qui place nos civilisations dans un cheminement de leurs racines à leurs possibles évolutions. D'une pensée optimiste, Christian Grataloup croit aux metissages et aux créolités même si les peurs de l'hégémonie de certaines portions du monde l'inquiète encore.

Pour découvrir le travail du Christian Grataloup, il faut lire :
  • Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, Armand Colin (collection U), 2007. Belle analyse et commentaire sur le site des CafésGéo et éléments de débat sur le travail de C.Grataloup.
  • L'invention des continents, Larousse, 2009.

Et sur le site EspaceTemps.net, un beau texte de Christian Grataloup à propos de la réédition d'un livre passionant de David Cosandey.

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