samedi 30 juin 2007

Paysage de Rouen

Une simple image vous montrera la modification du paysage rouennais avec la création du nouveau pont, le 6° pont nouvellement nommé Pont Flaubert.


Avec ses mats et les papillons qui sont au sommet, il est vraiment monumental. Depuis le centre ou l'Est de Rouen, regarder vers l'Ouest donnait une ligne entre forêt et immeuble d'habitation à Canteleu. Aujourd'hui, sans dépasser de la ligne de la forêt de Canteleu, le Pont Flaubert provoque un vrai changement de la vision de la ville, proche de ce qu'avait provoqué l'érection de la tour des archives ou plus anciennement le pont transbordeur.


(cliché Guillaume Painchault, 2007)

(image collection Edy Pockelé)

Si on dit qu'un seul vous manque et tout est dépeuplé, on érige un édifice et tout un paysage est transformé.
Lorsque la route qui franchit le Pont Flaubert sera en fonction, il sera également possible de prendre possession d'un nouveau paysage, celui d'une vue de Rouen avec les 5 autres ponts depuis l'Ouest.

vendredi 29 juin 2007

Construire du paysage ?

Voilà bien une expression que j'ai souvent trouvée dans des discours, communications de colloques et différents textes.
En particulier, l'agriculteur, le paysan est souvent considéré comme le premier constructeur du paysage, inconscient de sa construction. C'est surtout le reflet d'un fait récurent : la perception du paysage est difficile pour celui qui y vit. Peut-on être à la fois acteur et observateur du paysage ?
En cherchant à généraliser la question sur l'agriculteur à d'autres formes d'acteurs ou de personnes présentes à la construction comme à l'observation (ou à l'absence de celle-ci), il serait bon de s'interroger sur le conducteur de travaux publics qui construit une route et qui en est aussi l'usager. Peut-il, lorsqu'il l'emprunte, y observer le paysage que sa "création routière" donne à voir ?
Et c'est la même chose pour le paysagiste. Peut-il créer du paysage si il est amener à y vivre ? Peut-on être paysagiste dans sa commune ? ... et être prophète en son pays en matière de paysage, en quelque sorte.
C'est sur cette question que je vous laisse pour le week-end.

jeudi 28 juin 2007

Hyperpaysages

La notion de paysage est particulièrement "multiple", certains diraient que le paysage est forcément polymorphe et le mot même est polysémique.
Constatons qu'au niveau de la simple perception visuelle, plusieurs regards dimensionnels sont possibles. Je vais considérer ici 4 visions différentes, 4 regards d'échelle de perception variable.
Le grand classique est le paysage vu par une fenêtre, celui de l'art qui s'exprime sur un tableau et qui est contraint par un cadre.
La seconde forme de perception visuelle est le point de vue tel qu'il est utilisé par le paysagiste, ce que l'on voit d'un point précis (voire quelconque) du territoire et qui génère des visibilités différentes d'un même lieu, des covisibilité... Très vite, cela génère DES points de vues puis des cheminements d'un point à l'autre.
Le "grand paysage" est une forme plus ouverte. C'est celle des points remarquables des cartes routières où un symbole indique un point de vue admirable qui embrasse un grand territoire et permet de dire : "ce grand espace est caractéristique de cette région, de cette vallée, de ce pays".
Enfin, au delà, il y a l'hyperpaysage. Celui qui n'est pas orienté vers une direction mais prend en compte les 360° visible à partir d'un point. Il ne s'agit pas forcément d'une vision panoramique sur un espace totalement ouvert car rien n'empêche de lire le paysage d'une vue selon ce principe. L'hyperpaysage est un outil (d'étude, de consultation, de sensibilisation, mais c'est aussi une perception inédite ou la distance visuelle est particulièrement changeante et oblige le passage par une démarche multiscalaire.
Le site de Christophe Dijoux qui porte simplement le nom "Hyperpaysage" y est entièrement consacré et je vous invite à découvrir ces hyperpaysages qui nous vont vraiment voir et qui donne à voir un paysage "qui nous entoure".
Et vous retrouverez sur son blog de nombreuses informations bien utiles.

Même l'illustration sonore de son site est bien agréable ;-)

lundi 25 juin 2007

Village et terrier

La commune du Bourg-Dun est située au nord du département de la Seine-Maritime, sur la vallée du Dun. Elle fut une paroisse très riche durant l'ancien régime et son paysage en a été marqué. Plusieurs historiens, et les sondages archéologiques réalisés lors des travaux de restaurations de l'église Notre-Dame laissent supposer l'existence d'une abbaye pré-normande dont le bénéfice aurait été attribué à Saint-Quentin-en-Vermandois. Mais cela reste un vrai thème de recherche à développer.
Le commerce a été une véritable source de profit pour le village durant l'ancien régime. Une histoire sommaire de la commune est disponible sur ce site.


En 1741, l'abbaye de Saint-Ouen de Rouen qui possède la paroisse décide d'établir un inventaire de ses biens et fait tracer un plan terrier auquel sera associé un registre décrivant l'ensemble des terres représentées, comme cela est dans ces documents qui précèdent les cadastres du XIX° siècle.
Ce sont quelques éléments de ce document exceptionnel que je souhaite simplement vous présenter comme une source extraordinaire de l'histoire du paysage normand.
Et ce terrier présente deux critères qui le rende encore plus exceptionnel. Il n'y a pas un, mais deux registres et l'ensemble des minutes (autant que l'on puisse en juger) a été conservé et permet de comprendre comment le terrier et son plan ont été construits. De plus, à l'intérieur du registre, un plan complémentaire reprend les éléments du grand plan à une échelle plus manipulable.
Ce phénomène semble assez unique dans la région. Mais si vous connaissez des villages où les documents d'élaboration du plan terrier sont conservés, je suis très intéressé.

En étudiant le plan et les pièces écrites, il est possible de retracer les récentes modifications parcellaires (du début du XVIII° siècle) et d'évoquer l'état du paysage antérieur.
L'observation du système parcellaire est un premier niveau de lecture. Il témoigne d'un paysage très ouvert sur le plateau, un paysage d'openfiel qui contraste avec la vallée où le cloisonnement de l'espace est de rigueur. Le système de haie, comme les clos-masures du plateau, y a crée un milieu végétal fermé. Les haies constituent autant de corridors écologiques qui favorisent la présence de nombreuses espèces végétales et animales des prairies, des lisières et de bord de rivière car le Dun traverse le village du Sud au Nord. La présence (et donc l'ancienneté du bâti actuel) est également visible sur le plan. Les maison et les emplacements des rues ont peu changées jusqu'à aujourd'hui. Les occupants de 1741 sont connus, mais aussi ceux qui les ont précédés grâce aux pièces d'archives.

En effet, pour ceux qui ne sont pas habitués à ce type de sources documentaires, le livre terrier comporte des informations extrêmement utiles.
Par exemple, la parcelle qui porte le numéro 666 sur le plan (et il n'y a rien de démoniaque là dedans) est un parcelle de culture appartenant aux héritiers de Jacques Ridel. Les généalogistes pourront retrouver la trace de ce Ridel et de sa descendance... mais les Ridel sont nombreux dans cette partie de la région .
Cette parcelle 666 est bordée au Nord par les terres de Monsieur d'Herbouville dont le très beau château est situé , et toujours visible, dans le village voisin de Saint-Pierre-le-Vieux. Elle est bordé au Sud selon une limite à la forme découpée par des terres qui appartiennent à Messieurs d'Avremesnil et Le Vasseux. Le chemin de Quiberville passe le long de la parcelle du côté Est et la parcelle à l'Ouest est au trésor de la paroisse du Bourg-Dun, c'est-à-dire que les revenus en reviennent à "fabrique de la paroisse" (la communauté paroissiale) et non pas directement au clergé. Cette parcelle 666 a une surface (une contenance) de 2 acres, 1 vergée et 20 perches ; mesure qu'il conviendrait de convertir en valeurs actuelles soit un peu moins de 8000 m2.
Mais l'intérêt des archives permet d'aller plus loin.
Et le dossier 14 H 1501 nous apprend sur un plan de préparation annoté par le recenseur que cette parcelle a une histoire et il nous fournit les noms des précédents propriétaires et des modifications de surfaces subies par la parcelle.

Sur les deux dernières photographies, on peut voir sur la première, un exemple de planche préparatoire à l'établissement du plan terrier avec un début de mise en couleur et d'indication de signes de représentation de la végétation. C'est sans doute, un document déjà relativement élaboré. Cela signifie que l'établissement d'un plan terrier était un travail de longue durée avec des vérifications sur le terrain et des corrections sur les plans et dans le registre préparatoire. Bien souvent, seul l'état final nous parvient.

La seconde image montre une pièce d'inventaire (numérotée par mes soins : ADSM14H1501p28n) avec le report à l'intérieur du dessin des parcelles de la succession de noms des différents propriétaires et des dates auxquelles ils ont avoué leur "propriété". On remarque que les noms des voiries y sont reportés, parfois avec des corrections ou des notes qui auront disparues sur le plan terrier définitif. Les documents sont malheureusement en mauvais état, déchirés, tâchés, et les nombreuses annotations ne facilitent pas la lecture.
A noter enfin que la présence de ces pièces a échapper aux archivistes jusqu'à présent, et c'est bien dommage. Allez... au travail.

Je me contente de cela pour ce post car l'étude de ces documents méritera une étude complète, argumentée et détaillée dans une revue spécialisée ; de quoi m'occuper une année entière... C'est une autre histoire.
Mais tout cela vous donnera une idée de ce que le paysage peut révéler comme surprise lorsque l'on cherche à comprendre son origine.

Le parcellaire, quelle Histouère !

Sources : Archives Départementales de la Seine-Maritime - 12 Fi 80, terriers n° 133 et 134 et 14 H 1501. Tous ces documents peuvent être mis en lien sous réserve de citer l'origine. Merci

dimanche 24 juin 2007

Le pourquoi ?

Le principe même d'un blog est de maintenir un certain mystère, un manière de teasing, qui invite le lecteur à revenir régulièrement sur le site dans l'espoir de découvrir des nouvelles.
Mais ce site ne peut pas être assimilé à un blog de type journal intime.
Il doit plutôt être considéré comme un lieu où les informations sont là, données gratuitement pour tous ceux qui sont intéressés par les paysages.
Après un mois d'utilisation, je pense que le rythme de 3 messages par semaine est raisonnable. mais il est possible que certaines semaines soient plus remplies.
Vous aurez compris que les principaux sujets sont, et seront, liés aux techniques d'analyse, à l'art paysager, à diverses sources (revues, livres, articles), à des expositions ou manifestations, ...
Et aussi à une approche idéologique très écologique invitant à réfléchir sur les phénomènes de croissance et décroissance. Car le paysage dépend fondamentalement de l'empreinte que nous y laissons, en particulier, la fameuse empreinte écologique.
Mais il n'est pas question pour moi de considérer le paysage comme quelque chose de figé, d'inamovible. Il doit évoluer, au contraire, pour s'adapter à nos modes de vies en perpétuel changement. En aucun cas, il ne doit cependant évoluer en brisant les équilibres fondamentaux qui permettent la survie des fonctionnalités écologiques en terme d'habitat des communautés faunistiques et floristiques.
Il est tout aussi important de ne pas choisir la patrimonialisation paysagère si une autre démarche est possible. A quoi servirai un paysage-musée si plus personne n'y vit ?
Un paysage est avant tout un lieu de vie, il est lui-même vivant.
Qu'il soit écoumène, anthroposystème ou complexe naturel évoluant vers le climax ; le paysage est avant tout un regard sur le monde où nous vivons, porté par celui qui observe, selon la théorie du "point de vue".
Mais le paysage est aussi un regard que nous portons sur nous-mêmes. Si nous y voyons des lieux de vies et de pratiques sociales, ou des constructions techniques de l'homme industrieux, ou encore une expression de la volonté humaine de marquer l'espace, ou enfin un échange entre homme - animaux - végétaux ; notre paysage sera différent. Et il fournira autant d'informations sur celui qui l'analyse que sur le paysage observé.
L'analyse d'un paysage par un historien nous donne-t-elle une lecture du paysage selon un "point de vue" ou une vision de la pratique disciplinaire et épistémologique ?
Face au paysage, chacune des disciplines qui s'y intéresse devra faire l'objet d'une véritable interrogation sur elle-même.

Voilà quelques idées, un peu en vrac, qui me pousse à poursuivre cette expérience de blog. Mais sachez que vous pouvez aussi y contribuer. Par les commentaires bien entendu, mais aussi en m'adressant un message pour évoquer un sujet ou une information que vous voulez voir figurer ici.

Donc à très bientôt...

jeudi 21 juin 2007

Colza - 2

Connaissez-vous le plateau de Madrie ?
Situé entre la vallée de la Seine et celle de l'Eure, il forme une vaste langue de terre aux terre agricoles riches et sans ville. L'autoroute A13 le parcourt d'Est en Ouest, entre Mantes-la-Jolie et Val-de-Reuil.
Ce plateau était un bon grenier à céréales et depuis un demi-siècle, de très nombreux champs de maïs venaient s'intercaler entre orge et blé. Mais le mal s'insinue partout et, en parcourant cette autoroute de Normandie, j'ai découvert que le colza y a opéré un développement spectaculaire. Autour de la sortie qui mène à Vernon, il n'y a plus que des champs de cette plante oléagineuse qui prétend nous fournir de l'énergie ... avec un rendement de 2 % et un bilan écologique déplorable. De plus, il semble bien que les pièces de culture ont été notablement étendues.
Attention à ne pas confondre ici parcellaire foncier et parcelles culturales qui peuvent regrouper des dizaines de parcelles du cadastre.
le résultat est là, terrifiant, une vision d'une agriculture monospécifique dont on veut nous faire croire qu'elle représente l'avenir de nos fermiers.
Mais qui donc manipule qui ?

Je fournirais des photos dès que possible.

dimanche 17 juin 2007

Portraits de villes


A parler des paysages si agréables de nos campagnes, on en oublierais presque qu'il existe de véritable paysages urbains.
Qui ne connait la célèbre skyline, aujourd'hui transformée, de New-York ?
Qui ignore les perspectives de nos grandes avenues et autres cours ou mail à Londres, Paris, Limoges, Montpellier ou Clamecy ?
Le musée Malraux, au Havre, présente un exposition photo-vidéo (10 photographes et 1 vidéaste) des trois symboles architecturaux et urbains du XX° siècle, parmi d'autres.
Le Havre, Brasilia (Brésil) et Chandigarh (Penjab occidental).
Ces villes, classées (ou en cours de classement au patrimoine mondial pour la troisième) par l'Unesco témoigne des recherches et travaux de Auguste Perret, Oscar Niemeyer (et Lucio Costa) et Le Corbusier (avec Pierre Jeanneret, Maxwell Fry et Jane Drew).
Les photos de Lucien Hervé entre 1955 et 1961 dans ces trois villes forment le centre de cette exposition. C'est autour d'elle que sont présentées, comme un écho, les oeuvres de 10 photographes, réalisées entre 1999 et 2007.

L'apport de ces photos est de rendre ces villes un peu plus humaines car des habitants y mettent de la vie. ce n'est pas que de la photo d'architecture.
Hervé nous fait souvent porté le regard vers le ciel et des mini-skylines se dessinent entre les immeubles sans affectations individuels (ISAI).
Louidgi Beltrame, réalise un travail ambitieux de vidéaste où les villes de Brasilia et Chandigarh se trouve plongées entre scénario et réalité filmée. Une astucieuse fiction qui donne réellement envie de parcourir ces deux villes.

L'expo dure jusqu'au 16 septembre et mérite vraiment la visite si vous passez par la Normandie.

Et si vous ne voulez vraiment pas payer pour visiter une expo, allez au réfectoire de l'abbaye de Montivilliers (près du Havre) où vous découvrirez les peintures de Raimond Lecourt, peintre havrais et camarade de classe aux Beaux-Arts de Dufy et Copieux. C'est de la peinture régionaliste, avec de beaux paysages et des couleurs qui sentent la terre. J'aurai bien couru à l'inauguration mais on ne peut pas tout faire.

mercredi 13 juin 2007

Co-visibilité

Qu'est ce que la co-visibilité ?

Voici la définition donnée dans le cadre de la protection des monuments historiques par la Ministère de la Culture.
Covisibilité : On parle de covisibilité ou de « champ de visibilité » lorsqu’un édifice est au moins en partie dans les abords d’un monument historique et visible depuis lui ou en même temps que lui.

C'est un phénomène bien connu des architectes et des paysagistes qui sont amenés à réfléchir sur les problèmes d'intégration d'un édifice dans un paysage. Parmi les exemples les plus fréquents du moment, celui des éoliennes. Chacun reconnait qu'une éolienne est utile pour fournir du courant mais on a pas envie de la voir de chez soi (phénomène social du NIMBY).
De même, on trouve anormal de voir la tour à hélice depuis la belle église romane du village. Depuis le pied de l'éolienne, on ne voit pas l'église ; mais depuis le sommet des marches sur le porche de l'église, on voit très bien les pales de l'éolienne. Il y a co-visibilité.
Il suffit de déplacer l'éolienne de 50 mètres vers la droite, et hop, le tour est joué, l'éolienne est caché par un massif boisé. Mais il reste facile de trouver un point de vue qui rend visible en même temps l'église et l'éolienne.


La prise en compte de cela sur les tracés linéaires peut être matérialisé sur des modèles numériques de terrain : visualisation en 3D du tracé (en orange) et des espaces perçus (en bleu) par les usagers et les observateurs.

Le problème se complique donc lorsque le point d'intérêt n'est plus un édifice, ponctuel et à partir duquel le regard est rayonnant. Si le point d'observation devient large, comme une zone d'observation d'un "grand paysage", il devient quasi impossible d'implanter des éléments monumentaux comme des éoliennes sans être en co-visibilité.


C'est la cas avec cette rive du Saint-Laurent au Canada.

Dans un paysage de type "vallée" qui fait l'objet d'une protection règlementaire, les éoliennes seront reculés sur le plateau de façon à ce que leurs sommets ne soient plus visible de la vallée. Mais en remontant sur le versant opposé de la vallée en question, il n'y aura que la distance qui rendra les éoliennes moins visibles.
Pour éviter la covisibilité dans un grand paysage, il n'y a souvent pas d'autre choix que ne pas implanter le nouvel édifice, éolienne, tour, pylône ou autres. Ou celui de faire une entorse à la démarche d'évitement de covisibilité.

Ce problème de co-visibilité s'applique à de nombreux édifices, et pas uniquement les plus spectaculaires et médiatisés. Les pavillons de lotissements cherchent bien souvent à éviter ce phénomène par des haies et l'orientation des fenêtres. Pour répondre aux exigences : "je ne veux pas que mon voisin me voit quand je suis dans mon jardin et encore moins dans ma maison".

Faites vous-même l'exercice. Vous serez surpris de la fréquence de ce phénomène de covisibilité, y compris pour des lieux où celà est choquant !

lundi 11 juin 2007

Google et paysage

Dans une précédente note, j'ai glissé une image issue de Google Earth montrant le jardin botanique de Dijon. Mais, en quoi Google sert-il l'étude du paysage ?
Les photographies de Google sont des images réalisées à partir d'un satellite avec une très forte définition. Par comparaison, Géoportail présente une définition assez similaire, mais cela est variable suivant les secteurs.
Pour la Haute-Normandie, Google est en train de rattraper, voire de doubler Géoportail au niveau de la qualité. En général, pour la France, la précision des raccords entre images est moins bonne sur Google.

L'observation de Google est une première étape pour comprendre les grands traits morphologique d'un territoire. La mise en évidence de certains des "morphogènes" est possible dès ce niveau. On y observe une rivière qui peut servir de frontière ou de passage, de trait-d'union. On y constate les axes de voiries sur lesquels s'appuient les ensembles parcellaires. On peut aussi voir les noeuds, les centres (bourgs, villes, simples carrefours, ponts, édifices, ...) qui font converger les traits de parcellaires et la voirie.
Avec sa 3D, Google permet aussi de voir les accidents topographiques qui sont des contraintes majeures dans l'aménagement du sol.

Avec un petit peu d'habitude, si l'organisation du territoire obéit à une démarche programmée sur un espace , même peu étendu ; on peut le voir sur Google.
Mais rien ne dit que les éléments qui ont participé à la structuration du paysage soient aisément visibles.
Par exemple, une voie ancienne qui a été à l'origine de l'implantation d'un parcellaire peut avoir disparue ; mais le parcellaire en question est peut-être encore partiellement visible.
Pour illustrer ces premiers propos de ce que l'on peut déjà nommer "archéogéographie", voici quelques exemples.


Sur cette première photo, le grand axe de voie Est-Ouest en bas de l'image est une voie antique. Une seconde voie est observable en oblique vers le Nord-Ouest, les deux chaussées se rejoignant dans l'angle bas à droite de l'image pour prendre la direction Sud-Est. Certaines parcelles (près des bois) semblent s'organiser selon la voie qui est devenue moins perceptible dans le paysage.



Sur la seconde image, un carrefour de voies disparues est visible dans la plaine entre Varengeville-sur-Mer et Offranville. Deux chemins qui ne figurent plus sur aucunes cartes actuelles se croisent dans la parcelle verte, et d'autres chemins ou limites marquées de parcelles anciennes sont visibles dans la partie basse de l'image.



La structure générale de l'habitat est facilement observable sur les photos satellites, comme ce village-rue qui a traversé le temps dans l'Aliermont. L'origine en est médiévale. Ce type de structuration est assez classique et pourrait être visible dans de nombreuses régions.



L'organisation de l'espace agricole est tout à fait perceptible avec ce superbe groupe de clos-masures près de Goderville, paysage typique du Pays de Caux avec ses îlots de verdure dans l'openfield. Les clos-masures sont des ensembles agricoles de dimensions variables formés d'une parcelle entourée d'un "fossé" (talus planté d'arbres de haut jet), et occupée par les bâtiments et structures agricoles implantés de façon répétitive d'un clos à l'autre (habitat, grange, écurie, colombier, mare, charretterie, ...). La dimension de la parcelle est à l'image de la richesse du fermier.


Ainsi commence une démarche d'archéologie du paysage.

dimanche 10 juin 2007

Soir d'élection

Alors que les résultats du premier tour des élections législatives arrivent les uns après les autres, la constatation est nette : au niveau national, c'est pas brillant.
Mais j'ai eu une agréable surprise au niveau de ma commune, la candidate des Verts fait plus de 6%.

Après cette journée électorale, demain, reprise du travail. Le vote passé ; l'écologie, la préservation de notre environnement, et le maintien d'une volonté d'évolution concertée de nos paysages et de nos Pays devra continuer à être un moteur de nos vies.

Demain, que feras-tu pour la planète ?

samedi 9 juin 2007

Nils Udo

Nils Udo fait partie de ces artistes exceptionnels qui marque leur temps. Pour lui, marquer le temps, c'est en association avec "marquer l'espace".
Il pratique le LandArt et a réalisé quelques projets en France, comme au Parc d'Eole à Brest.
Son travail tourné vers des variations d'échelles importantes fait une part belle à la géométrie (cercle du nid), aux textures végétales et à la nature qui peut toujours reprendre le dessus. Tous les matériaux naturels ont été présents dans son travail ; mais l'oeuvre n'existe que par la photo qui en prise.


Sa collection pour le FRAC Nord-Pas-de-Calais était géniale, mais comme toujours éphémère.

Pour plus d'informations, allez lire le texte de Pauline qui place bien tout cela dans le contexte artistique.

Et merci à Marieaunet de m'avoir rappeler cet artiste par son blog.

Ci-dessous, l'une des oeuvres de Udo que je préfère : "Maison d'eau" réalisé en 1982.



Près de Rouen, il a exposé au Parc des Provinces, parc urbain à Grand-Quevilly entre HLM et Métrobus. C'est là que j'ai découvert son travail en 2003

Muséum de Dijon

Il y a bien d'autres muséums que celui de Paris. Par exemple, celui de Dijon, ville où j'ai eu la chance de vivre plusieurs années, est une vraie merveille.
Le Jardin de l'Arquebuse qui doit son nom au terrain d'entrainement des soldats du XVI° siècle, présente de très belles plate-bandes cernées de buis bas, le tout organisé en jardin à la française.
La roseraie est particulièrement agréable avec des variétés rares comme la "Gloire Dijon".


Et les bassins recèlent une grande variété de canards.

Quand je suis de passage dans cette ville, je ne manque pas d'aller y faire un tour. Le parc est à quelques minutes de la gare à pied, juste le temps de s'occuper entre deux correspondances.


Le pavillon de l'Arquebuse contient des informations sur la géologie régionale et complète bien la visite du jardin qui contient un véritable catalogue des plantes bourguignonnes.
Et en plus, le site s'est enrichi d'un planétarium.

vendredi 8 juin 2007

Miroir des fleurs... Jardins... Histoire




Subtilité, abondance, calme, exubérance, les jardins chinois restent à découvrir pour les européens. Chen Haozi avait réuni trois cent gravures pour montrer la richesse des jardins de la Chine de la fin du XVII° siècle. Le "guide pratique du jardinier amateur en Chine au XVII° siècle" sort dans une nouvelle édition chez Actes Sud (23 euros).




Le jardin des plantes à Paris est un "monument" de botanique et les collections qu'il renferme restent des références. Les plantes médicinales et potagères sont à découvrir dans un système d'allées qui invite à la promenade. Tout cela se retrouve dans un livre coédité par les éditions Nicolas Chaudun et celles du Muséuml National d'Histoire Naturelle intitulé simplement : "Le Jardin des plantes" - (49 euros).


Sommaire :


Les paysages du Jardin des Plantes, par Gilles Clément, créateur paysager,


Serres et jardins d'hiver, par Jean-François Lagneau, conservateur en chef des monuments historiques,


Un jardin de science, par Yves Laissus, ancien directeur de la Bibliothèque centrale du Muséum,


L'hôtel de Magny, l'amphithéâtre Verniquet et les pavillons de la ménagerie, par Alexandre Gady, historien,


Le jardin du Muséum ou les promenades intelligentes, par Pascale Heurtel, conservateur des manuscrits et archives du Muséum national d'Histoire naturelle,


Le grenier de l'univers, par Jules Merleau-Ponty, romancier, ethnologue,


La Grande Galerie de l'Évolution, par Gilles de Bure, journaliste, critique et historien de l'architecture.



Plus classique, mais avec une iconographie de qualité : "Histoire des jardins" de Philippe Prévôt. Mis à part sa charge d'enseignant à l'école Agro de Montpellier, Philippe est également connu pour être le créateur et l'organisateur des "Entretiens du Pradel" qui connectent actualité, recherches et agronomie autour du Domaine historique d'Olivier de Serres. Plusieurs de ses articles ont enrichis mes propres travaux et réflexions, en particulier les recherches effectuées avec D. Jacobi sur les représentations spatiales. Chez Sud-Ouest éditions, 24,90 euros.

Patrimoine de Pays - suite

La route des moulins de la Durdent, fleuve cotier de Seine-Maritime, est une belle façon de découvrir tout à la fois le paysage et le petit patrimoine lié à l'eau dans cette vallée. Le livre "La Durdent raconte ses moulins" est désormais rendu plus vivant par la randonnée qui est possible en reliant les 5 moulins, exceptionnellement ouverts le 24 juin de 14 h à 19 h.

Les 80 moulins ayant fonctionné dans cette vallée, dont beaucoup ont perdu leur roue ou totalement disparus, montre le rôle fondamental de l'eau dans l'économie locale. L'énergie hydraulique directe est une force essentielle trop souvent négligée.

Les moulins ouverts sont :

- le moulin de la Durdent à Cany-Barville,

- le moulin Saint-Martin à Cany-Barville,

- le moulin Sainte-Catherine à Oherville,

- les deux moulins de Grainville-la-Teinturière,

- le moulin de Mautheville.


Et puis il y aussi les moulins à observer depuis l'extérieur : ceux de Sommesnil, de Robertot ou du Hanouard.

Le chemin ne permet pas de suivre au plus près la Durdent mais il est possible de parcourir toute la vallée en profitant de ces paysages qui s'ouvrent et se ferment au gré de la végétation et de la présence d'habitat. Le bruit de l'eau n'est jamais très loin.

C'est donc une promenande paysagère patrimoniale, auditive et olfactive.

Pour la rendre gustative, il vous reste à faire une pose à Héricourt-en-Caux ou au Hanouard pour trouver un bon restaurant.

mardi 5 juin 2007

Colza, quand tu nous tiens !


Quel plaisir de se promener dans la campagne normande. Mais parfois, ce paysage devient très étrange.Le Roumois est traditionnellement une terre de diversité agricole. Immédiatement au sud de la vallée de la Seine, la terre y est presque bocagère par endroit, les fermes ressemblent à des clos-masures cauchois, la grande culture n'y a pas encore bouleversé le terroir et les nombreux vallonnement maintiennent un cloisonnement et de belles zones boisées. Mais certaines communes sont en pleine mutation et les pratiques agricoles changent.
La place du colza semble de plus en plus importante, de nombreux hectares se joignent à d'autres hectares. Entre Routot et Saint-Sansom-le-Roque, la très jolie petite route traverse l'uniformité paysagère en cours avec maïs et colza.
Est-ce un effet d'anticipation sur les velléités de de défiscalisation de la culture du colza et les aides envisagées pour le biocarburant et autres produits de substitution issus de l'agriculture intensive ?
Je ne sais pas, mais il y a de quoi être inquiet.
Verrons nous vraiment la France couverte de maïs et de colza ?
L'accepterons-nous sans réagir ?

Sans compter que le bilan énergétique global du carburant issu du colza n'est pas aussi bon que cela. Le biodiésel est plus cher à produire que le gazole et les véhicules qui l'utilisent augmentent la consommation.
Si les cultures de colza prennent la place des jachères, ces surfaces sont de toutes façons insuffisantes pour produire assez d'huile de colza. le risque est la déforestation et la dérive vers une monoculture industrielle.
Ce n'est pas certain que la lutte contre la pollution et l'effet de serre y gagne.
Et le paysage y a beaucoup à perdre... avec certitude.

vendredi 1 juin 2007

Rendez-Vous au Jardin

Ce week-end est devenu une tradition. Trois journées consacrées aux jardins comme toujours, ces trois premiers jours de juin dans le cadre des Rendez-vous au jardin. Et en Normandie, il y de bien belles choses à voir.
Comme à Cailly-sur-Eure ou Angerville-Bailleul dans l'Eure. Mais pour certains, ça commence mal. A Offranville, le Parc William Farcy a été l'objet de dégradations sur ces rosiers. Dommage. Le programme de Haute-Normandie est . Mais il suffit de se rendre sur le site de n'importe quelle Direction Régionale des Affaires Culturelles pour obtenir des infos.

Tous les jardins qui le peuvent doivent mettre en avant cette année la présence de l'eau : fontaines, bassins, étangs, cascades... A Varengeville-sur-Mer, c'est même la mer qui semble jouer avec le Parc des Moutiers.
Attention, bien peu de visites sont gratuites ; et c'est bien dommage que la gratuité ne soit pas un critère de reconnaissance par le Ministère de la Culture pour participer à cette manifestation. Pour ma part, je me refuse à payer l'entrée d'un jardin dans ce cas... faites comme moi, privilègiez les jardins gratuits. C'est comme pour les journées du patrimoine. l'objectif est de sensibiliser la population. Et bien, commençons par lui proposer de profiter de la culture gratuitement en lui faisant comprendre cependant que la culture n'est pas gratuite. Le but devrait être celui de l'incitation.

Et dans votre région, je suis certain qu'il y a de beaux jardins et parcs à découvrir gratuitement ce week-end.

Pas sûr que le beau temps soit de la partie :-(

Ministère de l'Ecologie...

Le périmètre du ministère en charge du paysage est défini par le texte paru au JO du 1° juin 2007. Alain Juppé dispose donc de missions élargies par rapport à l'ancien ministre de l'écologie et du développement durable. On note qu'il a autorité sur tout ce qui touche au transport maritime et terrestre, sur les missions qui étaient déjà presentes au MEDD, et aussi sur la direction de l'énergie, sur le conseil général des mines et sur le secrétariat d'état à la mer. Il est aussi doter de possibilités d'intervention dans de nombreuses instances interministérielles et conseils.
Le ministre d'Etat, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables va avoir du pain sur la planche. Il va être très utile de regarder la composition de son méga-cabinet puisqu'il devra répartir des tâches de conseil correspondant aux anciens ministères de l'écologie (MEDD), de l'équipement, de la mer, et de l'aménagement du territoire... avec regard sur les ministères de l'agriculture et de la forêt... et un partage de service avec le ministère de l'économie des finances et de l'emploi.

Attendons également de voir les réactions dans les directions déconcentrées (DRAF, DIREN, DDE...et DRIRE).

La direction de la nature et des paysages est toujours là, apparamment sans modification de contour pour le moment. Attendons de voir ce qui pourra se profiler, par exemple vis à vis de la protection des sites et l'éventuel transfert de compétences vers les Services Départementaux de l'Architecture et du Patrimoine. D'autres réorganisations internes sont possibles.

Mais A. Juppé dispose vraiment d'un méga-ministère.

Info locale

Mercredi 06 juin, à Sotteville-les-Rouen (76), Salle du Bois Petit, à 20h30.
Forum local de l'Eau.